• Sorties #22

    Au sommaire : « Les Eblouis », « Mon nom est clitoris », « The Room », « L’Art du Mensonge », « Nuestras Madres », « J’accuse »

    « Les Eblouis » est la première réalisation de Sarah Suco, que l’on a pu voir dans « Discount » , « Orpheline » , « Place publique » ou « Les Invisibles » . La cinéaste s’est inspirée de sa propre vie puisqu’elle et sa famille ont vécu dans une communauté charismatique pendant dix ans. « Les Éblouis » n’est pas une caricature de la communauté catholique mais la description pure et simple du fonctionnement d’une secte, vu par une jeune adolescente. Celle-ci est jouée par Céleste Brunnquell, c’est son premier film et elle est extraordinaire. Elle est entourée par Camille Cottin, loin de ses rôles plus légers, elle incarne une mère déséquilibrée, par Eric Caravaca, un père effacé, et par Jean-Pierre Darroussin, le gourou de la secte.
    Le film est fort ! Il vous prend aux tripes et bouscule vos émotions… Les sectes est un sujet peu exploité au cinéma. « Les Éblouis » bouleverse et fait réfléchir en sortant du cinéma.

    Clitoris : nom masculin, petit organe érectile de l’appareil génital externe de la femme situé à la partie antérieure de la vulve. Telle est la définition du Larousse. Cette partie la moins connue du corps féminin, Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet en ont fait un documentaire, elles ont donné la parole à une douzaine de jeunes femmes de 20 à 25 ans, d’orientations sexuelles différentes.
    Dans « Mon nom est clitoris », les deux réalisatrices instaurent un dialogue autour de la sexualité, les jeunes femmes partagent leurs histoires, leurs émois. Dans leur chambre, face à la caméra, elles racontent leur parcours depuis l’enfance, répondent aux questions avec humour, courage et audace parfois teintée de gêne. Le documentaire met le doigt où il faudrait qu’il soit davantage.
    Ces jeunes femmes rient, en se souvenant plus ou moins de leurs premières sensations, de leurs explorations. Toutes recherchent une sexualité épanouissante, où se masturber irait autant de soi que chez les hommes, au lieu d’en avoir honte et d’en parler sous le manteau.
    La démarche de « Mon nom est clitoris » s’inscrit à l’évidence dans la lutte pour le droit des femmes.

    « The Room » est un film co-produit par la France, la Belgique et le Luxembourg. Le réalisateur en est Christian Volckman dont c’est le deuxième long métrage treize ans après le premier «  Renaissance ». L’Ukrainienne Olga Kurylenko et le Belge Kevin Janssens sont les têtes d’affiche et tous deux s’expriment en anglais, l’action se situant dans la campagne américaine.
    Les dix premières minutes laissent craindre un film banal (un couple emménage dans une maison après que les précédents occupants se soient fait tuer et y découvrent une pièce condamnée), mais au final, le spectateur ne sera pas déçu.
    Il y a un vrai sens du rythme. Chaque fois que l’on croit que l’ennui va apparaître, un rebondissement arrive pour rebattre les cartes et apporter du nouveau à l’intrigue.
    « The Room »  fonctionne aussi parce que les deux comédiens principaux ont des personnages assez consistants, il livrent tout deux de bonnes prestations. Olga Kurylenko apporte sa sensibilité et Kevin Janssens, connu en Belgique pour ses rôles dans « Les Ardennes », « Home » ou « Tueurs, démontre que son jeu est étoffé.

    « L’Art du mensonge » de Bill Condon est adapté du roman de Nicholas Searle. En deux mots, un vieil arnaqueur entreprend de vider le compte en banque d’une riche veuve repérée sur un site de rencontres.
    L’intérêt du film est le duo Helen Mirren-Ian McKellen, c’est la première fois que ces deux monstres sacrés du cinéma britannique jouent ensemble et c’est un régal de les voir. Cela confère de la classe et de l’intelligence. Le récit est assez prenant. Le seul bémol de « L’Art du mensonge » est que la deuxième partie va sur une piste inattendue. Avec des rebondissements qui, il faut bien le dire, défient parfois toute crédibilité. Mais au final, le film reste divertissant.

    « Nuestras Madres » de César Diaz a remporté la Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes, un an après « Girl » de Lukas Dhont. « Nuestras Madres » représente aussi la Belgique dans la course au l’Oscar du meilleur film étranger.
    L’histoire se passe au Guatemala, le pays a connu une dictature ayant fait 200000 morts. Ernesto, un jeune légiste, identifie des corps, et au détour d’une conversation, pense avoir des informations pour retrouver son père, un rebelle ayant disparu durant la guerre.
    Alors que j’aurai dû être ému ou du moins secoué par ce film, rien de tout cela ne s’est produit. La faute à quoi ? Sans doute à cette hésitation entre documentaire et fiction, avec une mise à distance ne permettant pas d’être avec les personnages.

    « J’accuse » de Roman Polanski est adapté du roman historique « D. » de Robert Harris. Ce dernier a d’ailleurs participé au scénario et cela se sent, on a vraiment l’impression d’une mise en images du livre. C’est le principal défaut du film, dans une adaptation, on doit tailler dans le vif, faire des choix pour ne pas alourdir. Ici, c’est tout l’inverse, du coup, « J’accuse » paraît long, bien plus que les 132 minutes qu’il dure.
    Un autre défaut, c’est d’avoir choisi Jean Dujardin dans le rôle du colonel Picquart, celui qui va démontrer que Dreyfus n’est pas coupable. Tout le long du film, j’ai eu l’impression, j’ai eu peur que Jean Dujardin fasse un clin d’oeil aux spectateurs, l’air de dire « voyez, je les ai bien ».
    Du coup, avec les défauts que j’ai cité plus avant, l’antisémitisme qui est le principal sujet de l’affaire Dreyfus, passe complètement au second plan.

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