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Sorties #21
Au sommaire : « Adults in the Room », « La Belle époque », « Mon chien Stupide », « Roubaix, une lumière », « Un monde plus grand »
A 86 ans, Costa-Gavras n’a rien perdu de sa pugnacité. Avec « Adults in the Room », il livre un film politique dans la veine de « Z », « L’Aveu » ou encore « Amen ». Le réalisateur franco-grec nous montre la préparation d’un assassinat, celui d’un pays : la Grèce, et celui de ces habitants.
Fidèle à l’essentiel du livre « Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe » de Yánis Varoufákis, ex-Ministre des Finances grec, Costa-Gavras dénonce le fonctionnement non-démocratique des institutions européennes et particulièrement de la Troïka, fonctionnaires imbus de leur pouvoirs et l’Eurogroupe qui, n’ayant ni statuts ni existence légale, se comporte comme une véritable dictature orchestrée par l’Allemagne !
Concernant la distribution, Costa-Gavras a tenu à ce que les comédiens soient tous du même pays que les personnages qu’ils interprètent, seule façon pour que, les discussions européennes se faisant en anglais, on retrouve l’accent authentique dans la pratique de cette langue. C’est donc un film à voir en version originale sous-titrée.Avec « Monsieur et Madame Adelman », Nicolas Bedos nous avait proposé un bon premier film. J’attendais donc confirmation avec un deuxième long métrage, ce qui est fait avec « La Belle époque », une comédie dramatique rythmée et réussie. L’idée, faire revenir quelqu’un à l’époque qu’il souhaite, est ingénieuse et très bien exploitée, le tout est servi par un chouette casting et par de savoureux dialogues. Le film est maîtrisé, aussi bien dans son fond que dans sa forme.
Cela faisait un bout de temps que je n’avais plus vu Daniel Auteuil jouer aussi bien. Il propose une belle palette d’émotions et lorsqu’il joue, on aperçoit l’enfant sommeillant en lui. Fanny Ardant est super, notamment grâce à des dialogues directs et piquants. Doria Tillier surprend par sa force et sa sensibilité. Sans oublier Guillaume Canet en chef d’orchestre du retour dans le temps.
Pour sa sixième réalisation, « Mon chien Stupide », Yvan Attal adapte librement le roman éponyme de John Fante, joue le rôle principal, s’entoure de sa compagne Charlotte Gainsbourg et de leur fils aîné Ben.
En résumé, on découvre un homme, en pleine crise de la cinquantaine, dont la vie de famille et le couple seront mis à rude épreuve par l’arrivée d’un chien.
Quelques scènes de « Mon chien Stupide » nous semblent familières, on y sourit donc, certains dialogues sont amusants mais il y a comme un ennui à regarder le couple Attal-Gainsbourg essayer de faire croire à leurs personnages. On ne se départit pas du fait que le duo expose sa vie aux spectateurs. Des fois ça passe, des fois ça casse !Je suis très mitigé devant le dernier Desplechin : « Roubaix, une lumière ». Il nous propose un mix de film policier et de film social. Côté policier, passez votre chemin, on a connu plus nerveux et surtout plus vraisemblable. Côté social, le portrait de la misère à Roubaix n’est sans doute pas faux mais forcé, tout le monde n’habite pas dans des taudis déglingués en s’alcoolisant toute la journée. L’image très sombre accentue encore le propos. Pour ce qui est de la distribution, Roschdy Zem n’est pas trop mal en flic revenu de tout, par contre, je ne suis pas du tout convaincu par Sara Forestier et Léa Seydoux.
Avec « Un monde plus grand », Fabienne Berthaud adapte le livre Mon initiation chez les Chamanes de Corine Sombrun. Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques.
Cela aurait pu être bien ! Sauf que Fabienne Berthaud loupe son film, elle nous propose juste le récit d’une jeune femme en deuil et non pas une plongée dans le chamanisme. Toutefois, la prestation de Cécile de France est digne d’intérêt, on sent que l’actrice belge se donne à fond. Malgré cela, « Un monde plus grand » se traîne pendant une heure et demie.
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