• Entretien: Rudi Rosenberg - Le Nouveau

    Par Michel Decoux-Derycke - Rudi Rosenberg est un acteur, scénariste et réalisateur français. Comme acteur, il jouera plusieurs rôles au cinéma et à la télévision entre 1997 et 2009. Il se lance dans la réalisation, en 2007, avec "13 ans", suivront "Une histoire louche" et "Aglaée" (lien).
    C'est à Bruxelles que je l'ai rencontré pour parler de son premier long métrage. Entretien avec un réalisateur à l'air aussi jeune que ses acteurs.

    Pourquoi ce film ?

    J'avais envie de partager beaucoup de souvenirs d'enfance. Je me suis éclaté pendant mon adolescence et comme tout le monde, j'ai galéré. C'est ce qui rend cette période assez universelle. C'est ce qui fait que les gens se reconnaissent, dans les scènes du film. En même temps, j'avais envie de parler d'un truc: «pourquoi est-on aimanté par des gens populaires au détriment de gens qui comptent pour nous et pourquoi fait-on comme tout le monde ?». Cela a été analysé en psychologie sociale, ça s'appelle la preuve sociale, on fait comme les autres pour éviter de réfléchir. Ce qui est intéressant, c'est que ça existe chez les ados mais aussi chez les adultes.
    Donc la première chose, le propos de base, c'était de raconter mes souvenirs d'enfance. La deuxième, c'était de faire des scènes pleines de spontanéité, avec des moments d'amitié, de rigolade, d'euphorie. Tous ces trucs-là qui me reviennent en mémoire.

    Rudi Rosenberg © Fabrice Mertens

     Le casting ?

    D'abord Max Boublil, c'était mon meilleur copain quand j'étais ado. Je ne l'avais pas vu depuis dix ans, il a accepté le rôle tout de suite. Il a quand même demandé combien c'était payé (rires). Il était vachement complice avec les gamins.
    Ensuite cela a été un an de casting, cinq mille enfants vus. On a beaucoup cherché en Belgique. Malheureusement, cela m'a été rapporté, l'envie de cinéma chez les enfants belges n'était pas très forte. J'étais un peu déçu.
    Avant de dénicher Réphaël, j'ai trouvé toute la bande autour. Je l'ai trouvé en dernier, en fait, c'est un peu le clown blanc. C'est un véhicule, on vit l'histoire à travers ses yeux. Mais il fallait qu'il ait l'air intelligent, une bonne gueule et puis, c'était parti. Les autres, c'étaient des personnages plus spéciaux.

    Pourquoi une Suédoise, un souvenir d'ado peut-être ?

    C'est un petit clin d'oeil à un film de Doillon: "Les Doigts dans la tête". C'est un de ses premiers films et c'est super. Il y avait une Suédoise que j'ai adoré. J'aime l'accent, il est poétique. Je kiffe les films de Lukas Moodysson, de Roy Andersson. Cela fait aussi partie de l'image de la femme inatteignable, un peu parfaite.

    Comment s'est passé le tournage ?

    Cela a été éprouvant et merveilleux, les deux à la fois. Les jeunes se sont vachement bien entendus, c'était le pari du film. C'était la naissance d'une bande de potes, si ça ne fonctionnait pas entre eux, c'était la galère. Le film aurait été artificiel. Du coup, comme l'alchimie s'est faite, ça a été le bordel. Tellement de bordel qu'on n'arrivait pas à terminer les journées. Journées courtes, de quatre heures, à cause de la DDASS. Moi, je jouais ma vie sur chaque scène. Parce que c'étaient des histoires personnelles.
    Après, je me suis régalé au montage. Sept mois incroyables, 250 heures de rushes. J'ai vraiment pu faire ce que j'aime: faire mijoter. Travail à la main, scène par scène, plan par plan.

    Avez-vous d'autres projets ?

    Non. Là, j'ai envie de prendre mon temps. Ce film, j'ai mis longtemps à l'écrire pour que ce soit sympathique, authentique. Je ne sais pas comment certains réalisateurs arrivent à faire un film par an. Moi, je ne saurais pas.

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