-
Entretien: Olivier Gourmet - L'Exercice de l'Etat
Par Michel Decoux-Derycke - Dans "L'Exercice de l'Etat", sorti ce mercredi, Olivier Gourmet joue le rôle du ministre des Transports Bertrand Saint-Jean. Rôle où il montre, une nouvelle fois, toute l'étendue de son talent. Olivier Gourmet est venu présenter le film au dernier Festival International du Film Francophone de Namur. C'est à cette occasion que je l'ai rencontré.
Si on vous proposait un poste dans le prochain gouvernement belge, accepteriez-vous ?
Oui, autant qu'il ait quelqu'un qui essaie de prendre le taureau par les cornes. Je dis oui mais il faut rester sérieux, je n'ai pas les compétences. Avoir le sens civique et oeuvrer pour les citoyens, c'est quelque chose qui m'interpelle et m'intéresse.Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
Aujourd'hui, on nous écarte de plus en plus de la politique. On sacralise la fonction, on a presque peur de leur adresser la parole. On ne se sent plus concerné or c'est notre avenir. Je trouve qu'il devrait y avoir plus d'écoute, plus de passerelles entre les citoyens et les hommes politiques. Il est important de ramener la politique auprès du spectateur et de débattre, d'interpeller. Quelque part, rendre hommage à la fonction politique, la désacraliser tout en la faisant respecter. De fait, tous les minsistres ne sont pas pourris. Il y en a certains qui sont intègres, qui oeuvrent pour la collectivité. C'est difficile, il faut parfois revenir sur ses opinions que ce soit bien ou pas.
Il est important de faire un film comme celui-là qui ne pose pas de jugement, qui ne donne pas de leçons de morale. Il pose un constat, une réalité. De plus, le film est amusant. Il y a un vrai sens spectaculaire avec les accidents de voitures, le rythme effréné des prises de décisions.
J'ai eu l'impression de reconnaître plein de ministres sans en reconnaître aucun, comme avez-vous travaillé ce rôle ?
Il n'y avait pas de volonté de ressembler à un ministre ou à un autre. Ni même d'être un ministre de gauche ou de droite. Dans le scénario, le personnage était très bien écrit. Toutefois, j'ai observé et suivi un ministre pendant une journée. J'ai discuté avec lui, il m'a emmené au Sénat et à l'Assemblée nationale. Je me suis entretenu avec ses conseillers, son garde du corps et son chauffeur.
Le rôle de votre directeur de cabinet est interprété par Michel Blanc, comment s'est passé votre relation ?
Sympathique, humaine, d'homme à homme. Je m'attendais à voir un petit bonhomme un peu plus frémissant, drôle, essayant de faire rire le plateau. Pas du tout ! C'est quelqu'un de timide, de très discret, concentré et silencieux. Il arrive, il vous serre la main et puis se tient à disposition. Il a beaucoup de respect pour tout le monde. C'est une belle rencontre.
Il y a aussi Zabou Breitman qui joue votre dir'com, comment cela s'est-il passé avec elle ?
C'est différent de Michel Blanc. Zabou est plus exubérante, plus extravertie. Elle a besoin de bouger, de faire beaucoup de bruit, de s'amuser et de rigoler. Elle se concentre au moment où on dit "Moteur". C'est une autre façon de se préparer. Zabou est naturelle, disponible et généreuse.
Un confrère québecois a dit, à la sortie du film, que vous mériteriez un César. Qu'en pensez-vous ?
Si il le pense, ça le regarde. Mais ça va être compliqué, un Belge césarisé, cela serait fort étonnant. De plus, la concurrence sera rude avec Jean Dujardin, je crois qu'après le Prix d'Interprétation à Cannes, il va remporter le César. Il y aura peut-être une nomination, ce sera un honneur pour moi. Si je ne l'ai pas, je n'en mourrais pas.
Si vous deviez résumer le film en quelques mots ?
C'est un thriller politique. C'est le destin d'un homme sur un laps de temps très court. Avec un sens spectaculaire de l'image et de l'émotion, beaucoup d'émotion.
Lire aussi l'entretien avec Pierre Schoeller
Tags : Olivier Gourmet, Pierre Schoeller, L'Exercice de l'Etat, Michel Blanc, Zabou Breitman, Ministre des Transports