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Entretien: Ivan Calbérac et Noémie Schmidt - L'Etudiante et Monsieur Henri
Par Michel Decoux-Derycke – Ivan Calbérac est un auteur, écrivain, scénariste et réalisateur français. Au cinéma, il réalise, en 1995, son premier court métrage: "Trop de chance", deux autres suivront. "Irène", en 2001, est son premier long métrage. Depuis, Ivan Calbérac en a réalisé quatre dont "L'Etudiante et Monsieur Henri", adaptation de sa pièce de théâtre.
Quant à Noémie Schmidt, c'est une jeune actrice suisse. Elle a été chanteuse lyrique au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, tout en poursuivant des études de théâtre. Comme comédienne, elle s'est illustrée dans le court métrage belge "Coda". Après plusieurs rôles à la télévision, elle joue son premier grand rôle dans le long métrage d'Ivan Calbérac.
Je les ai rencontré tous les deux à Bruxelles. Entretien avec deux personnalités complices.Ivan Calbérac, pourquoi avoir adapté au cinéma votre pièce de théâtre ?
Ivan Calbérac: A cause du succès qu'elle a remporté. A Paris, on a joué un an à guichets fermés et 130 fois en province. Les personnages ont marqué les spectateurs. Ceux-ci riaient énormément et à la fin de la pièce, étaient émus. Comme il n'y avait pas une unité de temps, cela permettait de créer de nouveaux décors, de nouveaux personnages. De m'éloigner du théâtre, de pouvoir faire un vrai film de cinéma. Il était important pour moi d'arriver à réaliser un film fluide et aéré. J'ai essayé de garder ce qu'il y avait de mieux dans la pièce.
Quitte à être trahi, autant que ce soit par soi-même. Il m'a quand même fallu presque un an de travail pour l'adaptation. Je n'ai pas juste coupé, j'ai créé d'autres scènes. Et il y a des scènes qui marchaient bien au théâtre mais qui ne marchaient plus au cinéma. J'ai dû préciser la caractérisation psychologique des personnages.Noémie Schmidt: Pour moi, c'était très important de comprendre le cheminement intérieur de mon personnage.
Ivan Calbérac, avez-vous adapté en pensant à des acteurs ?
Non, non. Quand j'écris, je n'anticipe pas trop sur qui va jouer. J'aime créer des personnages qui après, en les distribuant, donne une sorte de plus-value. Je me dis que ce personnage plus cet acteur, il se passe un truc. Après, Claude Brasseur par exemple, j'ai été le voir et il était parfait pour le rôle. Quand on lui a proposé, il a accepté. Guillaume De Tonquédec est le premier à avoir accepté. Guillaume, je voulais l'avoir dès la pièce, cela ne s'est pas fait à ce moment-là. Dès que j'ai commencé à écrire le film, je suis revenu à la charge.
Ivan Calbérac: comment avez-vous découvert Noémie Schmidt ?
J'ai eu la chance de la rencontrer en audition. J'essaie d'être présent à la plupart des auditions, j'aime bien commencer tout de suite à travailler avec les acteurs. Voir comment on s'entend, voir comment les prises peuvent évoluer en fonction des indications. Noémie, c'était vraiment l'actrice que je cherchais pour ce rôle. Elle avait, à la fois, la fraîcheur, le sens de la comédie, la fragilité. J'ai voulu la distribuer très vite. Après, le film a été décalé donc ça a tardé. Donc, mes producteurs voulaient une actrice un peu plus connue. Finalement, ils m'ont suivi pour ma plus grande joie.
Noémie Schmidt, comment êtes-vous retrouvée dans cette audition ?
Noémie Schmidt: A Paris, on a accès aux castings grâce à des agents. Je sais que ça n'existe pas en Belgique. J'ai eu la chance de rencontrer un agent, une fois que j'ai fini mes études à Bruxelles et un court métrage que j'avais tourné. Il m'a envoyé sur le casting d'Ivan. En fait, j'avais déjà rencontré la directrice de casting et cela s'était très bien passé. Elle m'a proposée à Ivan.
Ivan Calbérac: Effectivement, Noémie avait fait forte impression lors d'un casting pour un film qui ne s'est pas fait. Ma directrice de casting s'en est souvenue et me l'a envoyée. Noémie était parfaite pour le rôle, nous étions complètement sur la même longueur d'ondes.
Noémie Schmidt, quand vous avez appris que vous alliez jouer avec Claude Brasseur et Guillaume De Tonquédec, comment vous êtes-vous sentie ?
J'étais très stressée, surtout que c'était un rôle très important. Quand j'ai lu le scénario, je me suis rendu compte de l'ampleur du truc, pas complètement. Ce n'est que sur le tournage que j'ai compris. C'était un rôle avec plein de facettes. J'avais plein de choses à jouer, comme dit Ivan, je pouvais jouer la fragilité, la femme fatale, la comédie. Pour une actrice, c'est extraordinaire. J'ai pu explorer plein de choses et expérimenter.
Claude Brasseur, au début, il est très impressionnant. Il a une aura, une présence incroyable. J'étais un peu dans mes petits souliers. Finalement, il a été très généreux. On s'est très bien entendus. Comme j'avais fait du théâtre, cela lui a fait plaisir que j'avais des bases.
Guillaume, c'est quelqu'un d'hyper-sincère. C'est un mec génial. Avec lui, ça a été très simple aussi. Je ne me suis pas sentie jugée. Plutôt aidée, encouragée. Et c'était gai aussi de jouer avec Frédérique Bel, elle est rafraîchissante et drôle.Ivan Calbérac, quand vous avez écrit le film, vous doutiez-vous que ça allait être aussi drôle ?
Noémie Schmidt: Si, on s'en doutait un peu parce qu'il y avait la pièce.
Ivan Calbérac: Est-ce que je me doutais que ce serait si drôle ? Du moins, j'espérais que cela marcherait. Il y a certains moments où nous riions beaucoup sur le plateau. Et puis, ce matin (NDLA: lundi dernier), nous venons d'apprendre que nous avions le Coup de coeur du public. C'est un prix organisé par le magazine Ecran Total. C'est un sondage sortie des salles qui permet de connaître l'état d'esprit des spectateurs. Nous avons 96% de satisfaction dont 69% de haute satisfaction. Il y a à peine cinq ou dix films par an, obtenant ce résultat.
Noémie Schmidt, avez-vous des projets ?
J'ai terminé la série "Versailles" pour Canal + qui sort en novembre. Je joue la belle-soeur et la maîtresse du Roi Louis XIV. Il y a Dominique Blanc, Amira Casar. Et je vais bientôt commencer une comédie.
Et vous, Ivan Calbérac ?
Je viens de sortir un livre, "Venise n'est pas en Italie" sorti chez Flammarion, qui marche bien. Je vais l'adapter au cinéma. Je travaille également sur une pièce de théâtre qui devrait être sur scène en janvier.
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Tags : Ivan Calbérac, Noémie Schmidt, L'Etudiante et Monsieur Henri, Théâtre, Claude Brasseur, Guillaume De Tonquédec, Frédérique Bel