• Entretien: Isabelle Huppert - Souvenir

    Par Michel Decoux-Derycke - Est-il besoin d'encore présenter Isabelle Huppert ? Comédienne connue et reconnue, elle a joué sous la direction d'une myriade de réalisateurs : Claude Chabrol, Benoît Jacquot, Michael Haneke, Michael Cimino, Otto Preminger, Marco Ferreri, les frères Taviani, Andrzej Wajda, Hong Sang-soo, Rithy Panh ou encore Bavo Defurne. Elle a également récompensée à de multiples reprises, notamment par un César, un Golden Globe, un Ours d'argent à Berlin, deux Prix d'interprétation à Cannes, deux Coupe Volpi de la meilleure interprétation à Venise.
    C'est à Liège que je l'ai rencontrée. Entretien réalisé avec Nicky Depasse (Radio Judaïca, Elle), Constant Carbonel (CINECULT.be) et Nicolas Gilson (ungrandmoment.be, Musiq3, Cinergie).

    Auriez-vous aimé être chanteuse ?

     Pas particulièrement mais ça plaît toujours aux acteurs de chanter quand ils le peuvent. Il y a toujours cette idée qu'on pourrait mieux faire si on faisait différemment. Par le chant, on peut exprimer d'autres choses. Pas le chant variétés, en tous les cas, le chant lyrique, c'est un fantasme pour les acteurs. Comme une expression plus infinie, plus aboutie. C'est très agréable de chanter, surtout sur des musiques de Pink Martini, elles sont vraiment entraînantes. C'était difficile parce qu'il fallait travailler, c'était facile aussi parce que c'était très mélodique. Leur univers, à Pink Martini, correspond à l'univers du film.

    Comment avez-vous composé votre personnage ?

    Ce n'était ni plus difficile, ni plus facile qu'un autre rôle. Je n'ai pas de difficulté particulière à aborder un personnage quel que soit le film. Dès lors que j'ai compris qu'il y avait un vrai metteur en scène et c'est le cas avec Bavo Defurne. Il est un authentique et très bon metteur en scène dont j'avais vu le premier film, Le chemin des dunes.
    Ce que je trouvais riche, c'est cette métaphore sur l'ombre et la lumière. Dans toute vie, il y a toujours ce passage d'une position plus ou moins publique, même si on n'est pas forcément célèbre, même si on n'est pas dans la lumière des médias, à quelque chose de plus privé, de plus anonyme. On offre tous plusieurs visages, selon les moments de la journée parfois, selon les gens auxquels on s'adresse, selon les cercles dans lesquels on est. Pour ce qui est de la disparition elle-même, les gens qui disparaissent, ça existe, c'est intrigant et ça témoigne d'une fragilité derrière, d'une faiblesse. Le film raconte très bien ça, les raisons qui ont motivé ce passage à l'ombre.


    C'est un rôle féministe, féminin ?

    Féministe et féminin, ce n'est pas la même chose. Féminin, à l'évidence. Féministe, je ne pense pas qu'on peut l'étiqueter de cette manière. Le film s'intéresse au parcours de quelqu'un donc c'est un hommage qui lui est rendu.

     Isabelle Huppert  dans Souvenir

     Vous passez d'un univers à l'autre, d'un film à l'autre, comment gérez-vous cela ?

    A chaque fois, ce sont des personnes différentes, des univers différents. C'est relié par une personne qui est le metteur en scène. Donc c'est comme quand on rencontre quelqu'un de nouveau, on entame une conversation différente. Et comme généralement, la conversation est plutôt bien menée, plutôt riche, plutôt maîtrisée, c'est très facile.

    Le film est-il une métaphore de la célébrité ?

    Il est une métaphore de beaucoup de choses. Cette métaphore de la fermeture éclair sur la robe qui raconte bien la dépendance que l'on peut avoir de quelqu'un ou plutôt le besoin que l'on peut avoir de quelqu'un. Sandrine Kiberlain a fait un court métrage très, très amusant sur ce thème-là, d'une actrice qui a tous les honneurs et qui, rentrée chez elle, n'arrive à retirer sa robe elle-même. C'est une très bonne idée d'avoir fait ça.

    Quel est votre rapport à la célébrité ?

    Je ne peux pas répondre à cette question, aussi directe. Je ne me vis pas comme quelqu'un de célèbre. Je ne sais pas si quiconque pourrait se vivre comme quelqu'un de célèbre.

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