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Entretien: Isabelle de Hertogh - TEFF 2017
Isabelle de Hertogh est actrice, elle a débuté au cinéma dans "JCVD" en 2008, trois ans plus tard, elle est dans "Hasta la vista", long métrage de Geoffrey Enthoven, film multi-primé. On la retrouve également dans deux films de Claude Lelouch: "Salaud, on t'aime" et "Chacun sa vie". L'année dernière, elle jouait le rôle de Corinne Zacharria dans "La fille de Brest" de Emmanuelle Bercot. En 2018, elle sera tenancière de bordel dans une série Netflix. C'est à Namur que je l'ai rencontrée.
Pourquoi êtes-vous au TEFF ?
Ce que j'apprécie particulièrement dans le TEFF, c'est la fête à la différence, on retourne à une normalité par rapport à la différence. Ce qui est intéressant, c'est de défendre nos différences à tous, quel que soit notre degré de différence. Donc j'aime cette manière de vouloir mettre en avant les gens. En tant qu'artiste, je me dois d'utiliser mon image, mon travail pour les aider, eux. C'est important.
Et puis "Hasta la vista", c'est un souvenir énorme pour moi. C'est un film qui parle de la différence. Ce film a vraiment fort marqué le public du TEFF.
Etes-vous concernée de près ou de loin par le handicap ?
Non, je n'ai pas de personne touchée par le problème. C'est difficile à dire, maintenant, j'ai l'oeil et le regard ouvert par rapport à la situation du handicap, disons que je n'ai personne touché directement et lourdement par le handicap. Ce sont plutôt des handicaps légers, des formes de handicap.
Que pensez-vous du niveau de la sélection ?
Le niveau est très beau, vraiment d'excellentes oeuvres cinématographiques. Il y a des choses que j'ai moins apprécié, bien évidemment, pas seulement en tant que choix artistique mais dans la manière de raconter, de montrer. Et puis il y a des choses d'un tel niveau artistique que vraiment ce Festival a sa place. Luc Boland et son équipe ont vraiment une recherche par rapport au thème du Festival, de manière artistique. C'est cela qui me touche. On parle de culture, d'art concernant la personne en situation de handicap.
Y a-t-il des films qui pourraient sortir en salles ?
J'en suis persuadée, je ne sais pas si les distributeurs auront les c... pour les sortir. Il faut du courage pour montrer des films qui peuvent faire peur à certaines personnes, des personnes qui seraient un petit peu obtuses du regard. Je pense qu'il est temps que l'on montre ce genre de films. C'est important d'ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre esprit à ça. J'en ai vu quelques-uns qui ont largement leur place dans une salle de cinéma.
Cela fait deux fois que vous tournez avec Claude Lelouch.
Effectivement, c''est le deuxième long métrage que je fais avec lui, c'est le troisième projet avec lui puisqu'il a distribué "Hasta la vista" en France. On est tombé en amour comme on dit. C'est quelqu'un que j'aime particulièrement, artistiquement parlant. Maintenant, je ne suis pas passionnée par tous ses films, je pense quand quelqu'un fait cinquante films en cinquante ans de carrière, c'est costaud. J'ai des films références dans mon adolescence, au début de l'âge adulte, que jamais je n'oublierai. C'est aussi un être humain d'excellence, généreux, créatif. Il vient vous chercher telle que vous êtes, il aime prendre des risques. Il aime pousser ses acteurs vers autre chose, aller chercher l'émotion, utiliser le moment présent.
Que pensez-vous du cinéma belge actuel ?
C'est formidable. Le cinéma belge évolue bien et on a des réalisateurs de haut niveau. Un réalisateur que j'affectionne particulièrement, c'est Bouli Lanners avec qui je n'ai pas encore tourné. C'est un gars que j'adore parce qu'il s'investit en tant que citoyen autant qu'en tant qu'artiste. Si il y a bien une bombe de générosité, c'est Bouli. Il est touchant, il est humble et je dis ça, je ne le connais pas beaucoup mais je vois son image à travers de ce qu'il offre de lui-même dans ses films. J'affectionne aussi Abel et Gordon, j'aimerais vraiment refaire un projet avec eux. Egalement Yolande Moreau, très, très belle rencontre.
Ce qui traduit bien les artistes belges, c'est leur simplicité, l'énorme besace de travail et d'enthousiasme qu'ils mettent, les qualités artistiques et rares, la remise en question. Il y a un vrai investissement humain en Belgique.
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