• Entretien: Bruno Solo - Etre

    Par Michel Decoux-Derycke - Est-il besoin de présenter Bruno Solo ? Il est sur tous les fronts: télévision, cinéma, théâtre, littérature. Retenons entre autres "Caméra Café", série télé qui, au début des années 2000, va cartonner et se transformer, en 2005, en long métrage: "Espace Détente". Actuellement, il est le héros avec Jean-Marc Barr de "Deux flics sur les docks", série passant sur France 2. Pour autant, il n'oublie pas le cinéma.
    C'est à Bruxelles que je l'ai rencontré pour parler de son rôle dans "Etre". Entretien rock'n roll dans le cadre du BIFFF.

    Pourquoi avoir accepté le rôle de François, ce flic au bout du rouleau ?

    Parce que je suis un garçon poli et quand on me demande gentiment, je dis oui. Mais ça, c'est pour la formule. Depuis quelques années, je fais à peu près ce que je veux. C'est un luxe que j'ai mis du temps à obtenir. Des fois, on ne l'obtient jamais. Je n'ai jamais fait un grand beau film. Pourtant, au théâtre et en télé, j'ai eu des très grands rôles. Bien sûr, j'ai eu de bons rôles au cinéma notamment dans "La Vérité si je mens". Depuis quelques années, sentant que le cinéma s'intéressait moins à moi, je disais non à la plupart des films qu'on me proposait. En revanche, je dis oui à des petits films, à des petites aventures. Parce que je n'ai plus nécessairement besoin de ça pour vivre, parce que je n'ai plus besoin de faire des films pour de mauvaises raisons.
    Grâce à la série "Caméra Café" que j'ai inventée avec le camarade Le Bolloc'h et que j'ai vendue dans le monde entier, cela m'a donné un certain confort. Cela me permet d'aller au gré du vent. Dès que je rencontre un vent qui me va: une brise, un zéphyr, je le suis. Et pour ce film, j'ai été saisi par l'écriture de Fara Sene. C'est son premier film et son parcours humain est très intéressant. C'est un basketteur qui se blesse, qui se découvre un talent d'écriture. Donc il écrit cette histoire de destins croisés, reliés par un fil invisible qui va finalement, en un jour et une nuit, les amener à se rencontrer. Pour certains, ce sera une révélation, pour d'autres, ce sera une chute terrible. J'ai eu envie de participer à l'aventure. Entre le moment où je lui ai dit oui et le moment où le film s'est fait, il s'est tout de même passé six ans. Mais une parole est une parole.

    Bruno Solo © Amandine Belotte

     C'est un rôle plutôt sombre ?

    Oui mais ce n'est pas le premier. Dans "Mon colonel", je jouais un tortionnaire pendant la guerre d'Algérie. Dans les téléfilms adaptés de Simenon, je jouais un assassin, un violeur. J'ai joué Mendès-France. Au théâtre, je ne joue quasiment que des drames. La série que je fais avec Jean-Marc Barr, je ne suis pas un rigolo. Depuis quelques années, je fais plus de drames que de comédies. Attention, j'aime toujours la comédie. Le problème est que, pour la comédie, je suis beaucoup exigeant. Les comédies qui me font rire sont bien moins nombreuses que les films de tout autre genre. Il n'y a pas tous les jours "OSS 117" ou "Intouchables".

    Le fait que ce soit un premier long métrage ne vous a-t-il pas fait peur ?

    La peur n'est pas un sentiment qui m'anime. Autrement, on ne ferait rien. Et puis les comédiens, on vient nous chercher quand c'est prêt, on attend au chaud. Là, comme il n'y avait pas beaucoup de moyens, je n'avais pas de loge. J'étais dans une voiture et dans celle-ci, il y avait le chauffage, de la musique. D'ailleurs, lors du tournage, c'était à Liège, il faisait très, très froid.
    La belle surprise, c'est que j'ai vu un réalisateur qui avait une maîtrise, une vision, une rigueur, une bienveillance aussi. C'est un homme fascinant. Je suis très heureux de cette aventure.

    Vous avez déjà réalisé, n'avez-vous pas envie de remettre le pied à l'étrier ?

    J'ai réalisé des mini-séries, des pubs. J'ai moins envie de réaliser un film que de faire de la mise en scène de théâtre. Moi, ce qui me passionne le plus dans mon métier, c'est le jeu. La direction de jeu et le fait d'être dirigé. J'aime ça passionnément à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Je passerais ma vie sur scène ! La scénographie, la mise en scène, cela me botte. Je n'ai pas une vision de réalisateur, je pense que je peux apporter plus au théâtre.

    Vous l'avez plus dit plus haut, vous êtes dans la série "Deux flics sur les docks", parlez-nous de cette aventure ?

    Je viens de terminer le tournage de la cinquième saison. C'est absolument crépusculaire. C'est vachement bien et ça va de plus en plus loin. France Télévisions nous permet cela. Paul Wincler, le réalisateur est brillant et a une vision permettant d'amener les personnages vers une noirceur que vous n'imaginez pas. Insoupçonnable et insoupçonnée. En fait, j'ai accepté ce rôle parce que j'adore les romans de Graham Hurley que je connaissais déjà. Et en face de moi, il y a Jean-Marc Barr, un comédien que j'apprécie énormément.

    Quels sont vos projets ?

    Je vais commencer un téléfilm avec Jean-Pierre Darroussin, un Simenon. Après, ce sera "Le Mariage de Figaro" au Théâtre de l'Atelier à Paris, avec Emilie Dequenne. Il y a aussi le projet d'une comédie sur la Résistance, pas dans le style "Papy fait de la résistance" ou "La 7ème Compagnie". Une comédie sur un personnage truculent qui, pendant la Seconde guerre mondiale, essayait d'amener le rire dans les rangs de la Résistance. C'est tiré d'une histoire vraie mais est-ce que le film existera ? Je ne sais pas encore.
    De toute façon, le cinéma, je n'y vais que lorsque je bande. Si je bande mou, je n'y vais pas.

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