• Entretien : Bouli Lanners - Les Premiers, les derniers

    Est-il besoin de présenter Bouli Lanners ? En quelques années, il s'est imposé dans le paysage cinématographiaque. C'est pour cela que son quatrième long métrage "Les Premiers, les derniers" était attendu.
    Je l'ai rencontré pour discuter de son film le plus personnel. Entretien avec un des grands du cinéma belge.

    D’où vient l'idée du film ?

    C’est l’envie de parler de sentiments crépusculaires. Ce sentiment de fin du monde très présent dans la pensée, cette pensée très pessimiste qui occupe notre monde et qui est nourrie par l’actualité, la COP 21, l’état de la planète, Daesh, de l’apocalypse, le chaos, … Ce n'est pas très optimiste. Je voulais parler de ça en espérant y mettre quelque chose de positif, un message d’espoir. C’est vraiment là, la genèse du film. Puis, petit à petit, au fil des discussions, l’histoire a commencé à se structurer pour aboutir au film que vous voyez maintenant.

    Bouli Lanners (c) 6néma

    Albert Dupontel s'est-il imposé tout de suite comme comparse ?

    Bien sûr. C'est un ami. Cela fait un bout de temps que nous n'arrêtons pas de nous croiser sur les plateaux. Nous avons une sorte de convergence artistique. Il s'est impliqué au point d'être le co-producteur français. 

    En plus de Albert Dupontel, le reste du casting est impressionnant: Serge Riaboukine, David Murgia, Michael Lonsdale, Max Von Sydow, Philippe Rebbot, Suzanne Clément. Comment tout cela s'est mis en place ?

    Il y a des évidences comme Serge Riaboukine ou Philippe Rebbot, qui fait Jésus. Enfin, il y a ceux sur lesquels on fantasme. C'est le cas pour Max Von Sydow et Michael Lonsdale. Michael Londasle, on le contacte, on lui envoie le scénario, il appelle pour qu'on se rencontre et c'est bingo. Mais à ce moment-là, il fallait son contrepoint, Max von Sydow donc. J'ai essayé en lui envoyant le scénario. Il a appelé, on s'est vu et voilà. Et puis, ces deux-là, c'est quand même deux James Bond, un paquet de films. 
    Suzanne Clément, elle sait jouer sans accent québecois, comme il me fallait une femme forte,  je l'ai embarquée dans l'aventure.

    Dans ce film, on apprend quelque chose de vous qu'on ne connaissait pas, vous êtes croyant.

    Oui mais ce n'est pas en Dieu, c'est en l’Homme. Ce film est une vraie mise à nu, c’est très personnel, c’était important pour moi d’évoquer un sentiment de crépuscule de l’Humanité et, sans y mettre une notion spirituelle, cela ne me semblait pas possible.Oui, je suis croyant mais ça n’implique rien. Je ne fais pas du prosélytisme, ce n'est pas dogmatique, ce n'est pas du radicalisme. Je suis pour une société laïque mais il faut arrêter les amalgames. On peut exprimer sa foi, c’est une recherche personnelle d’une spiritualité, c’est une philosophie dans laquelle je mets une dimension déiste mais ça s’arrête là. Ma démarche n’est pas du tout doctrinaire, je dis que suis croyant à 50 ans et les gens tombent des nues. C’est donc que je n’ai emmerdé personne. Mais aujourd’hui, je pense qu'il est important de le dire pour ne pas cloisonner et faire des amalgames. C’est important d’affirmer qu’on est croyant mais qu’on croit essentiellement en l’Homme. Pour moi, c’est ça, c’est d’abord l’Homme qui compte. 

    Dans les décors, j'ai retenu l'aérotrain. Comment l'avez-vous trouvé ?

    C'est vrai que c'est assez extraordinaire. Tomber par hasard sur ce truc abandonné, c'est comme un signe du destin. En fait, je revenais de Toulouse, le train s'est arrêté dans une petite gare et j'ai vu ce rail. Je regarde le nom de la gare pour pouvoir revenir après, c'est Touri, quelque chose comme ça. Cela ressemble à Toupy donc je prends. (Précision: Didier Toupy, ami de Bouli, a joué dans plusieurs de ses courts et les quatre longs. Il est décédé en octobre 2015).
    D'ailleurs, dans le DVD, il y aura un documentaire sur cet aérotrain. 

    On sent l’influence du cinéma américain et du western plus particulièrement, Expliquez un peu ?

     C’est un genre que j’aime depuis toujours. C’est ce qui passait à la télé quand j’étais petit. Dans mon village, il n’y avait pas de cinéma donc, le dimanche après-midi, on regardait beaucoup des westerns. C’est ce cinéma là qui m’a beaucoup nourri. J’aime le scope, j’aime les paysages. En peinture, je peignais des paysages. Je suis très sensible aux paysages qui, pour moi, sont un vrai narrateur dans le film. Vous remarquerez que les paysages sont très présents dans ce film-ce. Ils ne sont pas juste un prétexte. 

    Quels sont vos projets ?

    Déjà, terminer la tournée promo pour "Les Premiers, les derniers". Elle est longue, là, je viens de faire 60 dates et je crois que j'en ai encore autant à faire. C'est dû au fait que le film soit sorti en France d'abord puis en Belgique.
    Puis écrire le prochain film.

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