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Entretien: Ariana Rivoire - Marie Heurtin
Par Michel Decoux-Derycke - Ariana Rivoire est une jeune pensionnaire de l'Institut National des Jeunes Sourds de Chambéry. Le rôle de Marie Heurtin, dans le film du même nom, est son premier au cinéma.
Je l'ai rencontrée lors de l'avant-première bruxelloise de "Marie Heurtin". L'entretien a été réalisé avec l'aide d'une interprète de la langue des signes.C'est votre premier rôle, comment vous êtes-vous retrouvé dans le film ?
Jean-Pierre Améris, le réalisateur, avait son projet de film et cherchait une jeune fille pour jouer le rôle de Marie Heurtin. Au départ, il voulait une sourde-aveugle mais personne n'avait envie de jouer au cinéma. Donc il a changé d'idée. Il est venu à Chambéry pour faire un casting. J'avais reçu le papier l'annonçant, je l'avais à peine rempli. Je me suis dit que ce n'était pas grave. J'ai suivi mes cours normalement et à midi, je suis allée à la cantine. C'est là qu'un ami m'a désigné Jean-Pierre, j'ai donc vu ce grand homme, je me suis dit: wouah c'est lui ! En fait, il m'avait déjà repéré, il est venu me parler et m'a donné rendez-vous pour passer une audition. Pendant celle-ci, il m'a expliqué le scénario, nous avons échangé. Finalement, il m'a choisie pour le rôle mais cela, je ne l'ai su que deux mois plus tard.
Cette première expérience cinématographique a-t-elle positive ?
Plus que positive. Je dois vous dire que la présence de la caméra ne me gêne pas, je m'en fous complètement. Je suis à l'aise de tout façon. J'ai fait un film, OK, cela ne change rien dans ma vie.
Le fait de jouer aussi une aveugle ne m'a dérangé plus que cela. Ce qui était un peu difficile, c'est d'avoir ce léger strabisme qui me brouillait la vue. Je me suis approprié le rôle et tout s'est bien passé.
Quant à jouer un autre rôle, j'aviserai en temps voulu. Si c'est sur un thème de militantisme, pourquoi pas ?Comment cela s'est-il passé avec Jean-Pierre Améris ?
Le plus simplement du monde. Il m'expliquait les scènes, ce qu'il avait en tête. Puis l'interprète en langue des signes me traduisait ses intentions. Ensuite je jouais la scène. Une fois finie, nous regardions si cela convenait. Nous recommencions si il le fallait.
Et avec Isabelle Carré ?
Dès que nous nous sommes rencontrées, c'était lors de la préparation du film, cela a tout de suite fonctionné entre nous. Lors du tournage, nous étions très complices, c'était bien nécessaire. Car, dans la première partie du film, c'était très physique entre nous.
Le film représente-t-il bien l'univers des sourds-aveugles ?
Sur le tournage, il y avait un éducateur et un responsable de l'Institut des Sourds Aveugles ainsi qu'une femme ayant fait une thèse sur les sourds-aveugles. Tous les trois ont été là tout au long du film. Ils étaient là pour nous conseiller sur le placement, sur le corps, sur l'équilibre, sur la langue des signes tactile. Nous sommes aussi allés à Poitiers pour voir comment se comportaient les sourds-aveugles dans leur vie quotidienne, pour s'approprier leurs attitudes.
Le film a été montré à une femme sourde-aveugle. Elle nous a dit que cela représentait bien la communauté.
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