Critique: Vent du Nord

Vent du Nord de Walid Mattar avec Philippe Rebbot, Kacey Mottet Klein, Corinne Masiero, Mohamed Amine Hamzaoui, Abir Bennani, Khaled Brahmi, Thierry Hancisse
Drame, Belgique - Tunisie, 89', sortie le 11/07/2018, distribué par Alibi Communication

L'histoire: Nord de la France. L'usine d'Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu'il aime. Les trajectoires de Hervé et Foued se ressemblent et se répondent.

La critique: "Vent du nord", premier long métrage de Wallid Mattard, colle deux histoires que rien ne rapproche sinon une usine qu'on délocalise, un train de banlieue et un bus de tourisme circulant sur deux voies parallèles durant quelques secondes et un feu d'artifice. C'est sa force mais aussi sa grosse faiblesse. Il y avait sans doute quelque chose à tirer de ce parallèle, une sorte de convergences des luttes.
D'un côté, l'histoire d'un ouvrier vieillissant dans le Nord de la France. De l'autre, celui d'un jeune ouvrier dans la Tunisie des zones franches . Le premier est au chômage mais ne vit pas trop mal: il habite dans un petit pavillon, s'achète un bateau avec sa prime de licenciement et se paie même des vacances low cost en Tunisie avec sa femme. Le second vient de trouver un emploi, lui permettant de payer les frais de santé de sa mère malade et de se rapprocher de la fille qu'il aime, mais ne vit pas bien faute de pouvoir réaliser ses rêves. "Vent du nord" aurait pu et aurait du entrelacer ces deux histoires. Mais le réalisateur a pris une voie différente.
Pendant la première demie-heure, la caméra reste en France. C'est seulement après qu'on part, sans aucune transition, en Tunisie. Le temps de comprendre, de se mettre dans le bain, on revient en France. Du coup, au lieu d'avoir un film construit en miroir autour de l'opposition/ressemblance entre les deux situations, on a plutôt deux histoires filmées bout à bout. Le résultat est tout autre et donne une impression de confusion.