Critique: Préjudice

Préjudice de Antoine Cuypers avec Thomas Blanchard, Nathalie Baye, Arno, Ariane Labed, Julien Baumgartner, Eric Caravaca, Cathy Min Jung, Arthur Bols

L'histoire: Lors d’un repas de famille, Cédric, la trentaine, vivant toujours chez ses parents, apprend que sa sœur attend un enfant. Alors que tout le monde se réjouit de cette nouvelle, elle provoque chez lui un ressentiment qui va se transformer en fureur. Il tente alors d’établir, aux yeux des autres, le préjudice dont il se sent victime depuis toujours. Entre non-dits et paranoïa, révolte et faux-semblants, jusqu’où une famille peut-elle aller pour préserver son équilibre ? 

La critique de Michel Decoux-Derycke: Antoine Cuypers, je l'ai découvert au Festival de Bruxelles en 2012. J'y avais vu "A New Old Story", court métrage avec, notamment, Arno. Oui, Arno, le chanteur originaire d'Ostende. J'avais trouvé que c'est une excellente idée et cela se confirmait sur l'écran. Pour son premier long métrage, Antoine Cuypers a repris Arno. Celui-ci est bien entouré, on retrouve, entre autres, Nathalie Baye, Ariane Labed, Thomas Blanchard ou Julien Baumgartner. Ce casting est d'ailleurs l'une des réussites du film. Tous jouent leur partition avec justesse.
Un des autres points forts, c'est le très bon scénario, coécrit par Antoine Cuypers avec l'écrivain Antoine Wauters. Il nous raconte l'histoire d'une famille réunie par un repas par les parents de Cédric. Repas au cours duquel Cédric (30 ans, fragile mentalement et rêvant de partir en Autriche) va régler ses comptes. Cela part d'une bonne nouvelle pour tout le monde, enfin pas pour Cédric, l'annonce par sa soeur d'une prochaine naissance. Comme je le disais plus haut, ce très bon scénario va nous emmener dans l'intimité d'une famille où chacun, sans vraiment le vouloir, met Cédric de côté. Du moins, Cédric en a l'impression. C'est l'intérêt du film, où est le vrai, où est le faux dans les récriminations de Cédric. Au début, on pense à "Festen" de Thomas Vinterberg ou "Carnage" de Roman Polanski mais non, Antoine Cuypers réussit à nous emmener ailleurs, même vers le film de genre.
Revenons au casting, Thomas Blanchard joue Cédric, il est plus que convaincant, c'est une vraie découverte. Nathalie Baye (la mère) démontre que les rôles de mère lui vont bien (rappelez-vous celui dans "Laurence Anyways" de Xavier Dolan). Arno (le père) est étonnant, peu bavard, son jeu est sobre, juste ce qu'il faut.
Ce film, qui a fait l'ouverture du Festival International du Film Francophone de Namur, permet au cinéma belge francophone d'élargir sa palette. Souhaitons que d'autres jeunes réalisateurs suivent la voie d'Antoine Cuypers, qu'il n'y a pas que le film social dans le cinéma et qu'un bon film est un bon film quel que soit le genre.



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