Critique: Noces

Noces de Stephan Streker avec Babak Karimi, Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Olivier Gourmet, Alice de Lencquesaing, Zacharie Chasseriaud, Nina Kulkarni, Aurora Marion, Rania Mellouli

L'histoire: Zahira, belgo-pakistanaise de 18 ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu'au jour où on lui impose un mariage traditionnel. Écartelée entre les exigences de ses parents, son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté, la jeune fille compte sur l’aide de son frère aîné et confident, Amir.

La critique de Michel Decoux-Derycke: Avec "Noces", son troisième long métrage, Stephan Streker s’inscrit dans la lignée ayant réalisé un film dénonçant la condition de la femme à travers le monde. Il est salutaire dans le sens où cette condition est bafouée dans bien des pays et que quelques autres veulent réviser certains droits difficilement acquis. C'est dire que le combat est permanent et qu'un film, à son niveau, peut permettre d'éclairer les consciences.
Le réalisateur-scénariste ne juge pas, il aborde subtilement le conflit entre la tradition (celle du mariage arrangé) et l'aspiration à la liberté. Dans cette famille, Zahira, interprétée par Lina El Arabi dont c'est le premier rôle au cinéma, doit choisir entre le respect de la coutume et son désir qui la pousse dans les bras de Pierre, joué par Zacharie Chasseriaud. Dans son malheur, la jeune femme a un peu de chance: son futur conjoint ne lui est pas imposé directement, elle peut en effet "choisir" sur photos entre trois jeunes hommes qui vivent au Pakistan. Bien maigre consolation pour Zahira. Son frère Amir la pousse à se marier en lui expliquant que si elle refuse, c'est la honte pour l'ensemble de la famille, sa grande sœur tente également de lui faire accepter ce qu'elle considère comme une "injustice", elle a fini par le faire avant elle. Car après tout, comme lui dit sa sœur: "la situation est injuste mais en tant que femmes, que peut-on y faire ?" Paroles qui font frémir.
Stephan Streker ne se trompe pas de cible. Dans ce contexte tendu, il ne charge pas inutilement la famille de Zahira, prisonnière de ses propres croyances et surtout d'une terrible pression sociale poussant chacun de ses membres à convaincre la jeune femme qu'une union arrangée est la seule solution. "Noces" ne caricature pas les membres de la famille qui veulent la marier contre sa volonté. Le film pose un regard juste sur les motivations de chacun. Ce n'est jamais à charge, ce qui est intelligent puisque l'on peut juger en âme et conscience. Même si nous avons notre opinion, nous devons écouter celles des autres ne fût-ce pas que par respect. C'est dans ces moments-là que l'on se grandit.


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