• Critique: Chez Nous

    Chez Nous de Lucas Belvaux avec Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin, Patrick Descamps

    Affiche Chez Nous

    L'histoire: Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.

    La critique de Michel Decoux-Derycke: A peine la bande-annonce de "Chez Nous" dévoilée, le dixième film de Lucas Belvaux faisait le buzz. Il a fallu seulement quatre heures au Front National, sans avoir vu le film,  pour dire qu'il était mauvais, qu'il était caricatural, que cela ne reflétait pas la réalité. Prompte réaction montrant bien que Lucas Belvaux a appuyé là où ça fait mal. Peu de temps avant les élections présidentielles en France, un film vient montrer la face cachée d'un parti qui aime tant cacher les choses, dire à longueur de temps qu'il n'est pas le même que les autres, qu'il n'évolue pas dans la même mare aux crocodiles. De plus, l'actualité a rattrapé "Chez Nous" puisque Marine Le Pen a de sérieux ennuis puisque sa cheffe de cabinet et son garde de corps au Parlement européen ont été auditionnés, la semaine dernière, par la police judiciaire et mis en garde en vue, libérés assez vite mais il est évident qu'il y a anguille sous roche. Il y a aussi le financement illégal de la campagne des élections législatives de 2012 du FN et du parti présidé par Marine Le Pen qui est dans le viseur de la Justice.
    Une nouvelle fois, Lucas Belvaux pose sa caméra dans le nord de la France, un peu de plus de deux ans après Arras dans "Pas son genre". Aussi cette région est emblématique, elle est ravagée par le chômage et la pauvreté, terreau fertile pour les partis extrémistes. Comme tête d'affiche, il reprend Emilie Dequenne livrant à nouveau une superbe prestation. Elle incarne avec justesse cette infirmière à domicile, entrant de par son métier dans la vie des gens et attirant les regards du Bloc Identitaire, parti d'extrême-droite dirigé par un des notables du coin, un médecin incarné par André Dussollier. Celui-ci, récent Magritte d'honneur, est dans la lignée de ses très bons films, quand il a un rôle à défendre, il donne sa pleine mesure. Au casting, on retrouve Guillaume Gouix, mêlé aux basses oeuvres du parti et tentant de se racheter une conduite de même que Catherine Jacob, en cheffe de parti, ressemblant très fort à Marine Le Pen. Forcément, grande et blonde, on ne peut penser qu'à elle. Sans oublier Anne Marivin en militante rigolote mais tout aussi dangereuse.
    Ce film est important dans le sens où, actuellement, peu de cinéastes français osent réaliser des films politiques donc c'est un Belge qui a dû s'y coller. Il le fait de manière convaincante parce qu'il connaît la France, y vivant depuis longtemps. Il réussit à créer une atmosphère que, personnellement, j'ai trouvé étouffante. Sans doute dû au constat implacable que dresse Lucas Belvaux.
    Dans une démocratie, même dévaluée, il est évident que les artistes doivent sonner le tocsin sinon qui d'autre le ferait. Derrière eux, doivent se lever les gens qui ont ras-le-bol de voir la situation se dégrader, qui n'ont aucune envie de plonger dans l'extrémisme. Cela passera sans doute par une refondation de la démocratie.


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