• Sorties #7

    Au sommaire : un retour sur quatre films de ce premier quadrimestre 2019 :  « Green Book : Sur les routes du sud », « La Favorite », « Werk Ohne Autor », « La révolution silencieuse »

    « Green Book : Sur les routes du sud » est la première réalisation en solo de Peter Farrelly. Plus habitué à concocter des comédies telles « Mary à tout prix » ou « Dumb and Dumber », le réalisateur américain change donc de genre en prenant comme base une histoire vraie s’étant passée il y a 56 ans.
    Ce film est un régal rien que pour les deux acteurs principaux, Viggo Mortensen et Mahershala Ali. Viggo Mortensen est méconnaissable physiquement dans le rôle d’un new-yorkais d’origine italienne frustre et bas de plafond, toutefois, il va s’avérer bien plus tolérant et progressiste que nombre de ses concitoyens de l’époque. Mahershala Ali, en pianiste hautain et sûr de son talent, est aussi très bon.
    En fait, il y a un équilibre assez miraculeux qui font passer les plus de deux heures du film avec une facilité déconcertante. On en redemanderait même parce que le final arrive un peu trop brutalement, dans cette aventure humaine qui ne demandait qu’à s’enrichir un peu plus.

    De Yorgos Lanthimos, j’avais à moitié apprécié « The Lobster », je n’avais pas du tout aimé « Mise à mort du cerf sacré ». Et alors, « La Favorite », me direz-vous, j’ai franchement adoré. Qu’est-ce que c’est jouissif de voir ce jeu de massacre à la Cour d’Angleterre !
    Yorgos Lanthimos a eu le flair de faire appel à Olivia Colman, vue dans la série télé « Broadchurch », pour interpréter une souveraine ne sortant pratiquement jamais de sa chambre, constamment entourée de dix-sept lapins lui rappelant ses dix-sept grossesses dont aucun bébé n’a survécu. Il y a également les deux autres actrices principales: Rachel Weisz et Emma Stone, toutes deux livrent de remarquables performances, elles rivalisent d’intelligence, de roublardise et de perversité.
    « La Favorite » est une satire mordante sur la médiocrité humaine, la cupidité, la soif de pouvoir et l’envie de gravir l’échelle sociale à n’importe quel prix pour les uns ou de tenir son rang et ses privilèges pour les autres.

    « Werk ohne Autor » est réalisé par un authentique comte, Florian Henckel von Donnersmarck. Il avait remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour son premier long métrage, « La Vie des Autres ».
    « Werk ohne Autor » est un film sur l’Allemagne, plus exactement trois Allemagne: l’Allemagne nazie, l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. Trois moments faisant de l’Allemagne un pays particulier. Périodes traversées par les personnages du film, trois périodes faisant de leurs vies une sorte d’épopée.
    C’est également une sorte de comparaison entre le nazisme et le communisme sans que ce soit le thème principal. Deux idéologies ayant fait de terribles dégâts dans les têtes et les corps, elles sont renvoyées dos à dos par le réalisateur.
    C’est un film sur la création, comment l’artiste arrive à surmonter ses doutes, ses peurs pour arriver à créer une oeuvre.
    De Tom Schilling à Sebastian Koch en passant par Paula Beer ou Saskia Rosendahl, tous les interprètes sont au diapason du film, ils sont leurs personnages, il n’y a pas un hiatus. Sans oublier la musique signée Max Richter, elle accompagne bien le film et en souligne avec justesse certains moments.

    Un autre film allemand a marqué ce premier quadrimestre : « La révolution silencieuse » de Lars Kraume. Il parle d’un fait s’étant passé en 1956 en Allemagne de l’Est.
    Une manifestation spontanée de quelques jeunes lycéens, suite à la crise en Hongrie, prend une dimension insoupçonnable. L’enthousiasme de la jeunesse contre une rigidité bornée.
    Le film suit l’enquête menée par les autorités et là, les non-dits d’un passé récent resurgissent. Les fonctionnaires du parti et les responsables du ministère sont impitoyables envers les jeunes et les parents, quelques fidèles du parti mais aussi ceux qui se taisent, un parfait échantillon de la société est-allemande.
    Après avoir revisité les années du nazisme, les cinéastes allemands se plongent dans la courte histoire de la République Démocratique Allemande, histoire funeste d’un pays n’ayant existé que pendant quarante ans.

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