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Entretien: Thierry Michel et Pascal Colson - Enfants du Hasard
Par Michel Decoux-Derycke - "Les Enfants du Hasard" est le 29ème documentaire réalisé en 44 ans par Thierry Michel. Cette fois, il ne l'a pas fait seul, il l'a co-réalisé avec Pascal Colson. Cela faisait aussi un sacré bout de temps qu'il n'avait plus planté sa caméra en région liégeoise.
C'est à Bruxelles que j'ai rencontré Thierry Michel avec Pascal Colson. Eux comme moi sommes Liégeois et c'était quelque peu paradoxal de s'entretenir dans la capitale belge.Thierry Michel, c'est en quelque sorte un retour aux sources ?
Oui. Cela me revient maintenant, mon premier film, c'est "Mine" en deuxième année à l'IAD, mon film de fin d'études, c'est "Pays Noir, Pays Rouge", l'univers minier à Charleroi. Aujourd'hui, je suis revenu à ce thème-là avec "Les Enfants du Hasard".
Pourquoi ce documentaire ?
Plusieurs facteurs ont joué. Je pense que j'avais terminé le cycle congolais, 25 ans, 10 films plus quelques autres films en Afrique. J'avais le sentiment d'avoir fait le tour de la question et peut-être le besoin de revenir à la maison. De refaire un film sur des enfants. De revenir au thème de la mine.
Aussi ma mère était enseignante, cela m'a marqué. Quand elle est décédée, des élèves qu'elle a eu quarante ans plus tôt sont venus prendre la parole en disant qu'elle avait changé leur destin.
L'idée du charbonnage, c'est parce qu'on allait détruire le charbonnage, fermé depuis 40 ans. Donc d'aller observer un lieu. C'est une rencontre accidentelle, hasardeuse avec Brigitte qui a déterminé le fait de tourner là.
Pascal Colson, comment avez-vous été accueilli ?
Bien. Parce que déjà, nous sommes arrivés à 3 ou 4, 2 caméras, 2 pieds, un preneur de son, de la lumière, ... Pour l'accueil de la classe, il n'y a pas eu de problème, avec Brigitte (NDLA: l'institutrice), non plus et la communauté turque, encore moins. Le fait que Brigitte, en qui les parents ont confiance, soit dans le film a beaucoup aidé.
Thierry Michel, le tournage a t-il changé quelque chose pour cette classe ?
Bien sûr, chaque fois qu'on passe avec une caméra, c'est le cas. Et Brigitte va devenir une référence, elle voit débarquer la presse, il y a eu Le Vif-L'Express, La Meuse, la RTBF, etc... Pour les enfants, ils étaient très fiers d'être filmés.
Pascal Colson, comment vous êtes-vous retrouvé comme co-réalisateur ?
On se connaissait un peu avec Thierry. Comme il pensait être beaucoup sollicité pour son précédent film: "L'Homme qui répare les femmes" et il pourrait peut-être ne pas être là tout le temps. Donc il fallait avoir quelqu'un qui puisse prendre le relais de temps en temps. Finalement, il n'a pas été si souvent absent. Et comme j'avais réalisé une série sur le football et les enfants, cela paraissait logique que je travaille sur "Les Enfants du Hasard". Cela a été une chouette expérience.
Quels sont vos projets ?
Je suis en cours d'écriture pour un long métrage de fiction sur l'immigration, à travers le Sahara. J'ai obtenu l'aide à l'écriture mais le plus dur reste à faire, c'est trouver le financement et de terminer le scénario. J'ai un autre projet documentaire au Maroc, qui est en tournage pour le moment, plus lié à l'intégration.
Thierry Michel, et les vôtres ?
Je viens de commencer le tournage d'un film sur la sidérurgie, avec les sidérurgistes et des archives sur les cinquante dernières années. Je suis en train de filmer dans le détail toute la destruction du four H6 (NDLA: à Seraing).
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