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Entretien: Sara Vertongen - Le Ciel Flamand
Par Michel Decoux-Derycke - Sara Vertongen est une comédienne belge. Elle est très active au théâtre, c'est pour cela qu'elle n'a fait que trois films: "Olivetti 82" en 2001, "A Quiet Passion" et 'Le Ciel Flamand" cette année. Elle a été aussi présente dans plusieurs séries télé en Flandre. Je l'ai rencontrée à Bruxelles.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans le film ?
C'est une histoire de coïncidences. J'ai vu passer l'annonce de l'audition pour une femme de mon âge, j'avais vu le premier film de Peter, "Offline" et je pensais que c'était quelqu'un d'intéressant. Alors j'ai fait l'audition, j'étais dans le deuxième tour, j'étais attirée par le monde de la prostitution, j'avais envie de savoir des choses dessus. Mais ce n'est vraiment pas un film sur la prostitution, c'est un film sur la famille.
Après, j'ai une grande relation avec Sylvie, mon personnage : "comment elle essaye d'être aussi forte ?", c'est quelque chose qui me ressemble. Egalement la relation avec la petite fille de six ans puisque ma fille a le même âge. Donc j'ai proposée ma fille aux auditions, c'était peut-être la plus mauvaise idée du monde mais aussi peut-être la meilleure idée. Elle a fait une audition sans moi et Peter était enthousiasmé. Il ne savait pas que c'était ma fille. Nous avons fait quatre scènes ensemble et c'était tellement évident, je ne savais pas que j'avais un talent chez moi.
Cela a-t-il été plus facile de jouer avec votre fille ?
Bizarrement, oui pour certaines scènes, elle est très vivante, très professionnelle aussi. En plus, elle connaissait tous les dialogues, elle donnait toute son énergie. C'était une fête de jouer avec elle. D'autres scènes étaient plus dures à jouer parce que c'était si proche de moi.Avez-vous été voir des prostituées ?
Oui mais le monde de la prostitution est si vaste, il y a plusieurs couleurs. J'ai discuté avec des femmes qui étaient dans la situation de Sylvie, mon personnage, qui ont leur propre bordel. J'ai aussi demandé à des filles si elles parlaient de leur métier avec leur mari, leur compagnon. C'était toujours la même réponse : "oui, ils connaissent la situation". Elles disent aussi qu'elles ne sont pas que des prostituées, elles sont mères, voisines, femmes, elles payent des taxes, elles vont au supermarché. Mais pour le monde, je suis juste une prostituée, c'est la particularité de ce métier.
Votre relation avec Wim Willaert ?C'était très bizarre. On se connaissait un peu mais c'était la première fois qu'on jouait ensemble. Nous avons eu une relation un peu troublée, un peu coincée parce que c'est comme ça dans le scénario. Wim était très intérieur, très fermé. Quelque part, c'était bien, comme ça, c'était plus facile à jouer.
Qu'y a-t-il de belge dans le film ?
La difficulté de s'exprimer, de parler l'un avec l'autre, cette sorte de silence.
Vous avez tourné deux films cette année alors que vous aviez peu tourné avant.
C'est complètement différent, "A Quiet Passion". Une seule scène, je fais deux jours de tournage. J'étais vraiment une touriste sur un business international. C'était quelque chose d'autre. C'est grâce au tax shelter puisque des grands films se tournent en Belgique, ils sont obligés d'employer des Belges. Sur "Le Ciel Flamand", j'étais là du début à la fin.
Il y aussi le fait que le film de Peter a été sélectionné pour Toronto, Londres, San Sebastian et "A Quiet Passion" fait le même tour donc on se croise tout le temps.
Vous parlez de Festivals, comment a été accueilli le film ?
On a eu beaucoup de compliments, les gens sont touchés que ce soit au Canada, en Espagne ou en Amérique du Sud. C'est une histoire, à la fois, très flamande et universelle. A l'étranger, ils posent des questions sur la prostitution, ils demandent si c'est légal.
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