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Entretien: Radu Mihaileanu - La source des femmes
Deux ans après "Le Concert" ayant attiré près de deux millions de spectateurs dans les salles, Radu Mihaileanu change radicalement de sujet et d'environnement avec "La source des femmes", son sixième long-métrage.
Présent au dernier Festival international du Film Francophone de Namur, Radu Mihaileanu a répondu à de nombreuses sollicitations de la presse.Comment vous est venue l'idée du film ?
Par deux voies différentes. La première, ce sont de sublimes rencontres avec des femmes de tous âges dans des pays du Maghreb et des pays arabes, surtout au Maroc. Des histoires douloureuses qu'elles racontaient avec de la joie de vivre, un certain humour et beaucoup de vitalité. Je me suis dit qu'il y avait une telle beauté qu'il fallait que je les raconte, ces femmes. Surtout dans un contexte où en Europe et en France, plein de clichés circulent sur les Arabes et les musulmans. La deuxiième, c'est un fait divers venu de Turquie. C'était en 2001, les femmes d'un tout petit village allaient chercher, depuis la nuit des temps, l'eau, en haut de la montagne, à la source. Elles redescendaient avec les seaux, les bidons remplis et prenaient beaucoup de risques. Certaines, enceintes, ont même perdu leur enfant. Un jour, elles ont décidé de faire la grève de l'amour: plus de calins, plus de sexe jusqu'à ce que les hommes leur apportent l'eau, au village, à travers des tuyaux. Voilà, j'avais donc d'un côté mes personnages de femmes et de l'autre, la trame de l'histoire que je voulais raconter.
Comment se fait-il qu'un Roumain s'intéresse à des histoires dans les pays musulmans ?
Je suis un vrai voyageur. J'adore m'enrichir, ma vie est faite de cela, j'ai une chance inouïe de voyager autant. Mes films sont des voyages que je fais pour rencontrer de belles personnes. Comme on le dit au Maroc, ce n'estque du kif de rencontrer des gens formidables, lumineux alors que le monde est en crise ou semble en crise. Mais moi, je trouve de la lumière et de l'espoir partout où je vais malgré les défauts que l'on a tous. Je m'émerveille à tous les pas. Pourvu que cela continue comme ça et pouvoir offrir une partie de ce que je vois et que j'entends au public.
Vous avez un casting très réussi notamment Biyouna. Commet le choix s'est-il opéré ?
Dans ce film, j'ai eu la chance d'avoir des femmes extraordinaires pour incarner des femmes fortes. Effectivement, il y a
Biyouna. Je lui fais la blague suivante: tu es la grande soeur de Beyoncé et maintenant, on cherche la soeur moyenne:
Beyonbé. Trêve de plaisanterie, il y a aussi Leila Bekhti, une actrice lumineuse qui devient peut-être une des plus grandes stars françaises. Je pourrais en citer d'autres. Je suis un réalisateur béni d'avoir eu autant de bons acteurs et de bonnes actrices en face de moi.Le tournage s'est déroulé dans la montagne (NDLA: à Warialt, petit village marocain), comment avez-vouscontourné les difficultés ?
Le village est sublimissime mais loin de tout. Tous les jours, nous mettions une heure à l'aller et une heure au retour pour le joindre. Nous partions à cinq heures du matin. Le cinéma dépend du soleil et nous devions être là dès le lever du soleil
pour être prêt à tourner. Après, il y avait la difficulté du temps puisque nous étions dans la montagne. Même au Maroc, letemps peut vite changer. Et la plus grande difficulté qui était aussi un plaisir, c'était de tourner dans une langue à 100%. J'avais déjà tourné dans d'autres langues que je ne comprenais pas mais ce n'était jamais la totalité du film. J'avais donc des traductions et des traducteurs. Cela a été assez éprouvant.Si vous deviez donner aux lecteurs d'aller voir votre film, que diriez-vous ?
Je leur dirais qu'ils vont voir un film sur un sujet peut-être grave mais où ils vont beaucoup rigoler. Ils vont tomber fous
amoureux des plus belles femmes du monde.Lire aussi la critique du film La source des femmes
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Tags : Radu Mihaileanu, La source des femmes, Biyouna, Leïla Bekhti, FIFF, Namur, Maroc, Turquie