• Entretien: Olivier Marchal - Au-delà des mots (TEFF 2015)

    Par Michel Decoux-Derycke - Olivier Marchal est professeur de Langue des Signes. Il encadre, depuis cinq ans, l'atelier audiovisuel du Lycée Arthur Varoquaux à Tomblaine, en Lorraine. Cet atelier permet la rencontre de jeunes sourds et entendants, découvrant l'Image et ses différents degrés de lecture. Ils créent ensemble des clips, des documentaires et des courts-métrages accessibles à tous. Tous les ans, Olivier Marchal et son équipe organisent le festival Sourd Métrage.
    Il était de passage, au TEFF, pour présenter le court métrage "Au-delà des mots". C'est à cette occasion que je l'ai rencontré.

    Pourquoi ce film ?

    En fait, je suis enseignant en langue des signes au Lycée Varoquaux, ce lycée permet la rencontre entre les sourds et les entendants. Le support audiovisuel est le moyen qui parle le plus aux deux. On a donc créé un film à partir de ce support. On a écrit le scénario en mettant les entendants dans la situation des sourds. La question était: comment feriez-vous pour communiquer avec une personne sourde dans un lieu où la parole est interdite ? 
    On a cherché, on a réfléchi. Au cinéma, ce n'était pas possible, il fait sombre. Pourquoi pas dans une bibliothèque où le silence est de rigueur ? Et là, comment communiquer avec une personne sourde sans savoir qu'elle est sourde ?

    Donc c'est vous l'initiateur ?

    Oui. Déjà par ma passion pour la langue des signes. Mes parents sont sourds donc c'est ma langue maternelle. Et en enseignant une langue, on enseigne une culture. On enseigne ce que les sourds ressentent. ll y a une communauté, une identité derrière cette langue. Le moyen de le faire partager aux autres, c'est de faire venir les sourds, de faire comprendre comment eux vivent le monde et à partir de là, les entendants comprennent pourquoi la langue des signes est si importante.

    Olivier Marchal © David Ameye

    C'est la première fois que vous faisiez un film ?

    Aussi abouti, oui. On en fait toujours des petits. Je me suis vraiment impliqué, nous nous sommes impliqués pour faire quelque chose de très beau, de beaucoup plus abouti. Utiliser le décor, l'ambiance. Le son aussi, parce que c'est très important, le son. Tout ce travail nous a pris un an.

    Les acteurs principaux, qui sont-ils ?

    Ce sont des élèves qui ont vraiment pris cela au sérieux. On a répété énormément. Trois jours de tournage ont été nécessaires. Pour cinq minutes de film, les gens ne s'imaginent pas qu'il faut une année de travail, six mois d'écriture et trois mois de montage, de post-production.

    Avez-vous fait d'autres festivals ?

    Le premier est Sourd Métrage à Nancy. On nous a dit qu'il y en avait d'autres. Notamment à Cannes, il s'appelle Entr’2 marches, il a lieu pendant le Festival de Cannes. Dans la catégorie Jeunesse, nous avons été primés. Grâce à ça, nous avons été sélectionnés dans d'autres. Ici, nous sommes dans la catégorie internationale et c'est un bonheur pour moi comme pour mes élèves. D'ailleurs, ils sont avec moi en pensée, ils m'envoient des textos pour me demander si tout va bien, si je suis bien accueilli. 

    D'autres projets sont en route ?

    Effet boule de neige. On en a fait un, on en refait un. On a commencé à en écrire un autre. Ils ont grandi, ils grandissent avec leurs besoins, leurs envies, leurs qualités. On va faire quelque chose de différent, tout aussi bien, je l'espère.

    Lire aussi la critique du court métrage Au-delà des mots

    « TEFF 2015: jour 3, 4 et 5 - Gaëlle George TEFF 2015: le regard de David Ameye sur Bruno de Stabenrath »
    Partager via Gmail