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Entretien: Laurent Lafitte - Elle l'adore
Laurent Lafitte est un comédien complet: théâtre, télévision et cinéma. Depuis 2012, il est pensionnaire de la Comédie-Française, maison pour laquelle il a joué des pièces de Voltaire, Feydeau et William Shakespeare. Hors Comédie-Française, il est apparu dans une quinzaine de pièces, il a aussi coécrit et mis en scène son propre one-man-show: "Laurent Lafitte, comme son nom l'indique". Il a également présenté la Nuit des Molières en 2011.
A la télévision, Laurent Lafitte a, à son actif, plusieurs téléfilms ou séries. Notamment "Classe mannequin", "Avocats et Associés", "Coronation Street" ou encore "Section de recherches".
C'est en 1998 qu'il débute au cinéma dans "Le Plaisir (et ses petits tracas)". Après, on le retrouve dans pratiquement trente films dont trois de Guillaume Canet: "Mon idole", "Ne le dis à personne" et "Les Petits Mouchoirs". Laurent Laffite a aussi joué avec Kad Merad dans "Mais qui a tué Pamela Rose ?" et Mais qui a retué Pamela Rose ?", Omar Sy dans "De l'autre côté du périph", Pierce Brosnan et Emma Thompson dans "Duo d'escrocs".
C'est dans un hôtel bruxellois que je l'ai rencontré. Entretien avec un comédien passionné par son métier.Comment vous êtes-vous retrouvé dans "Elle l'adore" ?
J'ai eu la chance que Jeanne pense à moi pour ce rôle. J'ai reçu le scénario et comme un bon bouquin qu'on ne lâche pas, j'ai eu envie de savoir ce qui allait se passer. Comment cette histoire allait évoluer. Est-ce qu'ils allaient s'en sortir ? J'étais captivé. Cela se vérifie quand je vois le film. Je retrouve cette sensation que j'ai eu à la lecture. C'est très agréable.
N'avez-vous pas eu peur de jouer un chanteur ?
Non, il y a des choses plus effrayantes à faire. Si j'avais dû chanter, je l'aurais fait. Plus un scénario m'amène à faire des choses que je ne fais pas dans la vie, plus je suis content. C'est une des raisons pour laquelle je fais le métier de comédien.Comment avez-vous composé votre personnage ?
J'ai essayé de ne pas trop le composer. J'ai interprété l'idée que j'en avais. Comment moi je serais si j'étais un chanteur connu. Je n'ai pas essayé de créer un personnage et ne me suis pas inspiré d'un chanteur en particulier. Je suis parti de moi.
Comment cela s'est-il passé avec Sandrine Kiberlain ?
En fait, nous n'avons eu que cinq jours de tournage ensemble. Puisque dans l'histoire, nos personnages doivent s'éviter à tout prix. Si on établit un lien entre elle et moi, cela peut être très compromettant. Mais c'est vrai, à la vision du film, on a l'impression que nous sommes tout le temps ensemble.
Et le fait de jouer dans un polar ?
J'adore ça, les polars, les thrillers. Je suis un fan inconditionnel d'Hitchcock (NDLA: tout comme Jeanne Herry). Ce qui j'aime chez Hitchcock, c'est qu'on n'est pas que dans l'effet spectaculaire. Il est souvent réduit au suspense, c'est une erreur. Il y a, évidemment, un tel travail sur l'esthétique. Ce que j'adore chez lui, c'est la psychologie des personnages et la manière dont ils sont tourmentés. Cela transcende le simple polar. Mon personnage, Vincent Lacroix, par ce qu'il va vivre, va être atrocement bouleversé et tourmenté.
N'étiez-vous pas inquiet de tourner avec quelqu'un qui réalisait son premier long métrage ?
Non. Parce que déjà, je l'ai rencontrée. J'ai vu, tout de suite, qu'elle savait de quoi elle parlait. Et puis, le film est produit par des producteurs avec lesquels j'ai souvent travaillé. Je savais qu'ils n'allaient pas s'embarquer sur un film où il y avait des gros risques au niveau artistique.
Jeanne, elle est comédienne aussi. Elle sait parler aux acteurs, elle sait les diriger. Cela rassure un comédien. Je pense que c'est plus risqué de faire un deuxième film qu'un premier. Parce que le premier, il y a souvent un état de grâce. Le film qui a mis du temps à se faire, qui condense plein d'idées. C'est un moment artistique, réussi ou pas, très fort. Un deuxième film, c'est plus casse-gueule.
Vous vous partagez entre le théâtre et le cinéma, qu'est-ce que vous préférez ?
Oh la la ! Ce n'est pas possible, je ne peux pas choisir. Ce sont deux choses tellement complémentaires. J'ai besoin de l'amplitude de la scène, de la manière dont on peut élargir sur un plateau. Et de jouer deux, trois heures sur scène sans être interrompu. C'est vraiment le lieu de l'acteur.
Le cinéma, même si le mode de fabrication est un peu plus laborieux qu'au théâtre: on est sans cesse interrompu, on ne tourne pas dans l'ordre, c'est très différent. Mais le résultat est tellement spectaculaire. Le montage, la musique, les lumières. Les histoires, les acteurs sont tellement sublimés par tout ce processus.
De toute façon, quand je suis au théâtre, je suis content de tourner un film et quand je termine un film, je suis content de retourner au théâtre.
Vous êtes aussi pensionnaire de la Comédie-Française, maison réputée très sérieuse.
Détrompez-vous, la Comédie-Française n'est pas plus sérieuse qu'un plateau de cinéma. La Comédie-Française, ce n'est pas les archives du théâtre. Ce n'est pas un musée. Donc c'est un endroit très, très vivant et très contemporain. Peut-être que jusqu'aux années 70, cela avait un côté petits classiques Larousse. Mais cela, c'était il y a très longtemps.
Pour terminer, que diriez-vous pour donner envie d'aller voir le film ?
Je ne dirais rien. Si j'en dis trop, je risque de gâcher les bonnes surprises. Ce serait dommage pour les spectateurs. Et puis, on ne peut pas forcer les gens à avoir envie d'aller voir un film. Je sais juste que c'est réussi, que ça fonctionne et j'en suis très fier.
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