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Entretien: Laetitia Dosch - Jeune Femme
Par Michel Decoux-Derycke - Laetitia Dosch est une comédienne française. Elle débute au cinéma, en 2004, par "Borderline", un court métrage, elle en fera treize autres par la suite. Dans les longs métrages, on a pu la voir dans "La Bataille de Solférino" de Justine Triet, "La Belle Saison" de Catherine Corsini, "Mon Roi" de Maïwenn, "Keeper" de Guillaume Senez. Cette année, elle est l'héroïne de "Jeune Femme", premier long de Léonor Serraille. C'est au FIFF à Namur que je l'ai rencontrée pour converser de son rôle.
Comment vous êtes-vous retrouvée dans "Jeune Femme" ?
Léonor (NDLA: la réalisatrice) n'a pas écrit le rôle pour moi, elle pensait à Patrick Dewaere quand elle écrivait son scénario. C'est un homme et il était mort donc il fallait qu'elle trouve quelqu'un. Du coup, elle a cherché, elle a regardé sur Internet et là, elle m'a vu mais je n'avais jamais la même tête, elle ne comprenait pas. C'était comme un patchwork. Après, elle a vu "La Bataille de Solférino". Elle m'a écrit une lettre, elle me disait plein de choses agréables et gentilles, elle m'avait compris. On s'est rencontrées, on s'est dit oui tout de suite.
Qu'est-ce qui vous touchée dans cette proposition ?
A la base, on ne me proposait pas beaucoup de choses à ce moment-là. Depuis "La Bataille de Solférino", je n'ai eu que de petits rôles. C'était trop beau, c'est comme si j'avais attendu cela depuis longtemps mais que je n'avais jamais eu.Le rôle, comment l'avez-vous travaillé ?
Cela a été beaucoup de travail. Il fallait rentrer dans l'écriture de Léonor, le personnage parle d'une certaine manière. Il faut mettre les phrases en bouche, il y a des phrases qui font un petit peu blague, il fallait comprendre comment les faire passer. Surtout il faut comprendre ce qui est vécu derrière. Donc il faut vraiment travailler sur chaque scène, comprendre chaque scène. Il fallait rendre les situations concrètes, palpables.
Diriez-vous que votre personnage est bipolaire ?
Non, c'est plutôt une personne en crise. Elle va dans tous les sens, a des avis très tranchés sur les choses, passe du coq à l'âne. Si on résume le film à une névrose, à une psychose, on ne comprend pas l'histoire. C'est juste quelqu'un qui part d'un état de panique qui va se reconstruire petit à petit. Pendant le film, nous allons assister à sa reconstruction, c'est ça que Léonor voulait montrer, ce personnage qui part de bas, très bas même et qui remonte la pente. Cela va contre les préjugés puisqu'on pourrait penser au début du film qu'elle est folle mais ce n'est pas le cas.
Vous êtes de toutes les scènes, vos partenaires ont donc dû s'intégrer ?
C'est pas ça. Mon personnage fait un voyage, elle voyage dans Paris. C'est comme Candide de Voltaire, en fait, c'est à chaque fois un nouvel épisode. C'est plutôt moi qui découvre un nouveau paysage.
Et le chat ?
C'est celui qui reste le plus longtemps avec elle. Mais il faut savoir que c'est un mâle, il s'appelle Frisson et là, il a joué un rôle de femme. Frisson est un chat hyper-professionnel, il a fait beaucoup de calendriers gays, c'est sa spécialité.
Votre relation avec Lila, la gamine ?
Parfois, c'était en improvisation parce que sinon, le texte était très écrit. Moi, j'aime bien jouer avec les animaux et les enfants parce qu'ils vont réagir ou pas à une proposition. Et vous, vous êtes obligé de réagir à ce qu'ils font. C'est un boulot de fou, ça demande d'être très calme.
Le film a reçu la Caméra d'or, votre sentiment sur Cannes ?
D'un côté, vous débarquez, vous êtes contents, c'est incroyable ce que vivez, vous vous demandez si vous le méritez. D'un autre côté, il faut se dire que l'on a peut-être apporté un truc important. C'est un drôle de truc, vous cherchez où est votre place.
Par contre, ça fait trop plaisir, c'est trop bien. On serre la main Nicole Kidman, il y a Monica Belluci, Joaquin Phoenix, c'est mon acteur préféré, j'étais ravie. C'est rigolo.
Et le fait que ce soit une femme qui ait le premier rôle et que ce soit une réalisatrice ?
Et un personnage qui parle de cette façon-là, qui soit si complexe, qui n'est pas casable. La complexité du personnage, pour moi, c'est très nouveau. Cela fait longtemps que ce n'est pas arrivé en France, un personnage comme ça.
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