• Entretien: Danielle Arbid - Peur de rien

    Danielle Arbid est une réalisatrice franco-libanaise. C'est en 1998 qu'elle réalise son premier court métrage: "Raddem" L'année suivante, elle remporte le Prix du jeune jury européen à Angers pour "Le Passeur". Plus d'une vingtaine d'autres prix suivront. En 2004, "Dans les champs de bataille" est son premier long métrage. Il y en aura deux  autres dont "Peur de rien".
    C'est à Namur, lors du FIFF, que je l'ai rencontrée. Entrée avec une femme posée mais néanmoins passionnée.

    Ce film est-il votre histoire ?

    Oui mais pas totalement mon histoire. Je pars de choses personnelles pour raconter des choses romanesques que je réécris par après, que je fictionne. C'est toujours en partant d'un sentiment que je connais que j"écris. Là, je voulais raconter l'histoire de quelqu'un qui arrive en France, qui découvre la France avec le choc. Je me suis mise dans une position où j'essaie de me rappeler comment j'ai senti les premières années en France. C'était assez complexe. Ce qui a fait que je suis resté, c'est cette expérience-là. Ce regard. L'idée de la première fois. Et je voulais inverser le regard. Dans les films, ce sont les immigrés qui sont regardés, ici, c'est l'inverse. 

    Danielle Arbid au FIFF

    Même si le Liban a toujours été ouvert, n'est-ce pas plus difficile pour une jeune femme de partir ?

    Dans le film, elle vient chez son oncle et sa tante. Ceux-ci ont d'autres problématiques. Elle vit seule, elle vient faire ses études comme plein de gens. Mais ça aurait pu être une Magrébine de la banlieue qui va faire ses études à Paris.
    C'est vrai que c'est plus facile pour une Libanaise puisque le Liban et la France ont des liens communs, on parle la même langue. Après, c'est un apprentissage tout au long du film. Emotionnel et culturel.

    Comment avez-vous choisi Manal Issa ?

    Ce film est un peu la suite de mon premier long métrage: "Dans les champs de bataille.". Qui racontait l'histoire d'une petite fille de dix ans, je l'ai choisie dans un casting de cinq cents filles. Je voulais reprendre la petite fille de dix ans pour qu'elle joue la fille de vingt ans. Sauf qu'elle fait médecine, elle ne pouvait donc pas jouer le rôle. Donc j'ai fait un casting énorme. Je cherchais, cherchais, je ne savais pas vraiment ce que je cherchais. Toutefois, quelqu'un qui ressemble un peu à moi, de manière intérieure, quelqu'un avec qui je puisse communiquer, je puisse partager des choses, une même vision du monde, une même envie de liberté. C'est un vrai miracle d'avoir trouvé Manal. Je l'ai repérée dans un casting de sept cents jeunes filles. On a casté au Liban, à Paris. Je n'étais pas arrêtée sur l'idée d'une Libanaise.

    Les conditions de financement ont-elle été simples ?

    Pas simple du tout. On n'a même pas eu l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Tous les acteurs belges, je les ai choisi pour eux, pas parce que j'étais obligée. Le film a eu des conditions de financement difficiles parce que les commissions en France ne comprenaient pas le point de vue. On me demandait si l'héroïne ne pouvait pas être syrienne, pourquoi elle écoutait de la musique comme si un étranger, en l'occurence une Arabe, n'a pas le droit de vivre ça. Autant le film est un merci à la France, autant pendant le financement j'ai douté.

    Et le tournage ?

    J'ai eu une superbe équipe qui a porté le film. Heureusement parce que le budget était ultra-limité, comme je vous ai dit auparavant. Il existe grâce à une équipe exceptionnelle, des acteurs qui ont tout donné. C'est à eux que je dois le film.

    Le fait d'être dans un Festival est-il important ?

    Bien sûr, pour tous les films. C'est une sorte de lumière qui est braquée sur un film, c'est très important en tout cas pour les films d'auteur que l'on fait. Parce que le Festival emmène une certaine publicité au film. Les Américains, par exemple, n'ont pas besoin de Festival, la publicité, ils l'achètent dans la rue. Les «petits» films ont besoin d'être exposé dans les Festivals.

    Avez-vous d'autres projets ?

    Oui, j'adapte un livre en France. Un livre d'Annie Ernaux, un best-seller: "Passion simple". Que Maurice Pialat a voulu adapter. C'est l'histoire d'une passion amoureuse entre une femme et un homme.

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