• Entretien: Camille Meynard - Tokyo Anyway

    Par Michel Decoux-Derycke - Camille Meynard est un jeune réalisateur français, originaire de Paris, vivant à Bruxelles. C'est en 2004 qu'il arrive dans la capitale belge pour faire l'INSAS. Depuis, il a fait pas mal de choses dans le monde du cinéma: cadrage, montage, casting et réalisation. "Tokyo Anyway" est son premier long métrage.
    C'est évidemment à Bruxelles que je l'ai rencontré. Entretien avec un passionné de cinéma dans tous les sens du terme.

    Quelle est la genèse du film ?

    A la base, c'est un travail d'improvisation. C'est l'envie de travailler avec quatre comédiens en particulier. Trois Français et un Belge issus d'écoles de cinéma et de théâtre en Belgique. L'idée, c'était de faire des recherches autour de personnages, autour de la solitude urbaine. De développer certaines situations entre certains personnages qui sont en couple, d'autres qui sont amis. C'était plus un travail sur le jeu d'acteur. A force de faire des laboratoires, ce que j'appelle laboratoires, c'est prendre une caméra, aller dans la ville ou dans le métro et filmer des improvisations à partir d'un canevas, une action, un objectif. A partir de ça, ils ont créé des personnages et ces personnages m'ont donné envie de raconter une histoire. Par rapport à ce qu'est cette génération qui se tourne un peu les pouces, qui ne sait pas comment avancer. De raconter le flux urbain. 

    Camille Meynard

    Donc c'est la solitude urbaine, le point de départ ?

    C'est vraiment ça. J'aimais bien l'idée de faire un film choral et en même temps, cela parle de solitude. L'impression que les quatre personnages sont amis, au final, cela parle plus de leurs individualités. 

    L'improvisation, cela se travaille contrairement à ce que certains croient, comment avez-vous fait ?

    Je suis parti des personnalités des comédiens. De ce qu'eux me racontaient en tant qu'êtres humains. De leurs histoires, on en a tiré des personnages ensemble. Dans un deuxième temps, en écrivant un scénario avec un co-scénariste. En fait, ce n'était pas clairement un scénario proprement dit mais plus un canevas. Il n'y avait pas de dialogues, c'étaient plus des situations. A 80%, les dialogues sont improvisés. 
    Il y avait toujours un début, un milieu, une fin. Je disais aux comédiens de passer par là ou par là. Mais comment allaient-ils le faire, je ne le savais pas. Quelquefois, ils rajoutaient des choses qui faisait dévier le trajet. J'avais quand même l'idée que chaque personnage avait sa trajectoire à mener. C'est plus à l'intérieur des trajets que le chemin n'était pas écrit noir sur blanc. 

    Combien de temps a duré ce projet, de l'idée au départ à maintenant ?

    L'idée de départ, c'est en janvier 2012, on a commencé les laboratoires avec les comédiens. On a tourné en été 2012. Et après, sur une période éparse, il y a eu un an de montage. Cela a été fini en octobre 2013 pour sa présentation au Festival de Namur. Pendant un an, nous avons essayé de le vendre. On a enfin réussi à trouver une date de sortie (NDLA: le 1er octobre). 

    Quels sont vos projets ?

    Il y a un long métrage que je produis. Par contre, je suis en écriture d'un prochain long métrage. Cela fait six mois que je suis dessus. Ce seront toujours des thèmes urbains en allant plus loin. J'ai envie de prendre un personnage unique et clairement, c'est de parler frontalement de la question de la mort. C'est une fille qui perd sa mère de manière brutale, qui meurt devant ses yeux. Cela se passe pendant la période de Noël dans cette ville un peu folle qui est Bruxelles. J'aimerais bien traiter cela en comédie. Un peu comme le film de Scorsese: "After Hours". 

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