• Critique: Utoya, 22 juillet

    Utoya, 22 juillet (titre original: Utøya 22. juli) de Erik Poppe avec Andrea Berntzen, Aleksander Holmen, Brede Fristad, Solveig Koløen Birkeland, Sorosh Sadat, Ada Eide
    Drame, Norvège, 90', sortie le 05/12/2018, distribué par September Film

    Affiche Utoya, 22 juillet

    L'histoire: Le 22 juillet 2011, un extrémiste de droite lourdement armé lance une bombe à Oslo, avant de se rendre sur l'île d'Utøya où se déroule un camp d'été pour les jeunes. Choqués par les nouvelles de la capitale, les jeunes sont en contact avec leur famille à la maison pour les rassurer qu'ils sont loin de l'incident et en sécurité. Jusqu'à ce que des coups de feu brusques soient entendus. Dans une seule prise, nous suivons Kaja, 18 ans, qui cherche sa sœur, alors qu'elle tente de survivre à l'attaque de 72 minutes.

    La critique: Il y a six semaines, je vous parlais de "Un 22 juillet" (la critique), film sur la tragédie d'Utøya réalisé par le Britannique Paul Greengrass, disponible sur Netflix et que j'avais eu la chance de voir dans une salle de cinéma. Cette fois, c'est "Utoya, 22 juillet" du Norvégien Erik Poppe qui arrive sur les grands écrans.
    Erik Poppe, avec les deux scénaristes Siv Rajendram Eliassen et Anna Bache-Wiig, ont voulu restituer l’histoire des victimes, avec le plus grand respect pour elles. Ils ont effectué de longues recherches, ont cherché les plus petits détails avant d’écrire le scénario pour en faire une fiction.
    La force du film est d’immerger totalement le spectateur dans la terreur. En une seule longue prise de nonante minutes, nous sommes dans les pas de Kaja, le personnage fil rouge (personnage fictif) de cette course à la survie. Le plan d’ouverture est impressionnant: Kaja est face caméra et dit "Tu ne peux pas comprendre". Une seconde de flottement jusqu’à ce qu’elle se tourne et que l’on s'aperçoit qu’elle ne s'adresse pas au spectateur mais parle au téléphone avec son écouteur.
    À partir de ce moment, la caméra ne cesse plus d’être en mouvement, d’être les yeux et la peur de Kaja et de ceux, celles qu’elle va croiser dans ces longues septante-deux minutes. Il y a aussi le choix de ne jamais montrer le terroriste, sauf une fois mais furtivement au loin. On entend des coups de feu continuellement, on voit des gens courir dans toutes les directions, se cacher, sortir de leur cachette, en chercher une autre à mesure que les détonations se rapprochent ou s’éloignent. Leurs oreilles sont le seul sens à laquelle les gens peuvent se fier. La caméra nous plonge dans la situation, elle s’aplatit sur le sol lorsque les gens s’aplatissent et se relève quand ils essayent de jauger la situation. On a la sensation d'être coincé dans l'île sans possibilité de s'échapper, on en a, par moments, le souffle coupé.
    Certains y verront une récupération malsaine d'un drame ayant bouleversé la Norvège et le monde. D'autres y trouveront une sorte de témoignage. Moi, je suis dans la deuxième optique, grâce à ce film, on touche de près, même si ce n'est que de la fiction, l'horreur d'un attentat. Je rappelle que c'est un jeune homme isolé de 32 ans, se revendiquant d'extrême droite, qui a perpétré cet acte. On reste ébahi devant cette folie.

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