• Critique: Razzia

    Razzia, long métrage, réalisation: Nabil Ayouch, scénario: Nabil Ayouch et Maryam Touzani, distribution:  Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Amine Ennaji, Abdelilah Rachid, Dounia Binebine, Abdellah Didane, Kamal El Amri, Lyna Bennani
    Drame, Maroc, 119', sortie le 25/04/2018, distribué par Cinéart

    Affiche Razzia

    L'histoire: Entre le passé et le présent, au Maroc. Des êtres reliés sans le savoir : Abdallah, Salima, Joe, Hakim et Inès. Différents visages, différentes luttes, mais un seul souffle. Et une ville, Casablanca, comme un fragment du réel, comme le mythe aussi d’un film entièrement tourné en studios à Hollywood, que la réalité vient se réapproprier.

    La critique de Michel Decoux-Derycke: Six ans après "Les Chevaux de Dieu" parlant de terrorisme, trois ans après "Much Loved"  parlant de prostitution, Nabil Ayouch revient avec un film parlant du destin du Maroc. Il le fait à travers une oeuvre chorale avec cinq intrigues distinctes.
    Cela commence en 1982 dans les montagnes de l'Atlas et se termine de nos jours dans les rues de Casablanca. Une ville, au bord de la crise de nerfs, peuplée de personnages en quête de libertés individuelles, personnelles et intimes. La narration que Nabil Ayouch a mise en place fonctionne parfaitement comme entité globale et un peu moins quand on prend les différentes histoires séparément, certaines d'entre elles sortant vraiment du lot.
    Par moments, il se dégage du film une puissance, un souffle extrême se mêlant avec une poésie âpre et un art de la provocation qui pourrait heurter certaines communautés au Maroc. L'ensemble est une critique plutôt dure d'un pays situé aux portes de l'Europe.
    Cette auscultation de la société marocaine, selon Nabil Ayouch, est pessimiste, voire même prophétique. La situation des jeunes sans travail après parfois de longues études, des femmes corsetées dans une société machiste quel que soit leur milieu social, des juifs exilés intérieurs, des berbères de l'Atlas croyant accéder à une meilleure vie dans une grande ville, des homosexuels moqués, tout cela converge vers un blocage général, sujet pour le moment à de rares explosions (les manifestations de 2015) vite réprimées par un pouvoir écartelé entre respect des traditions et de la religion et la nécessité d'une réponse aux demandes d'un peuple assoiffé de justice. A l'avenir, si les autorités ne tiennent pas compte des aspirations de son peuple, cela pourrait donner lieu à des confrontations beaucoup plus violentes et là, on ne sait pas où cela peut mener.
    C'est sans doute le meilleur film de Nabil Ayouch qui, pourtant, avait placé la barre haut avec ces précédents films.

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