• Entretien: Julia Leigh - Sleeping Beauty

    Par Michel Decoux-Derycke - "Sleeping Beauty" est sorti en Belgique ce mercredi. C'est la première réalisation de l'Australienne Julia Leigh. Elle est aussi romancière, son premier roman "Le Chasseur", paru en 1999, a connu un vif succès. Il a été traduit en six langues et récompensé par de nombreux prix en Australie, en Angleterre et aux USA. Adapté au cinéma par Daniel Nettheim avec, dans les rôles principaux, Willem Dafoe, Sam Neill et Frances O'Connor, il n'est pas encore sorti en Belgique. Son deuxième roman "Ailleurs" est paru en 2008, inspiré de la France où elle a séjourné quelque temps.
    Julia Leigh est passée à la réalisation avec "Sleeping Beauty", présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes. Elle est venue présenter son film en avant-première belge au Ramdam Festival de Tournai, c'est là que je l'ai rencontrée.

    Pourquoi une romancière décide-t-elle de réaliser un film ?

    Le processus d'écrivain et de cinéaste viennent du même background. Mais évidemment, ce sont deux choses très différentes. Cependant, le fait de construire des personnages, des caractères procède du même type de travail. Ici, le film s'est imposé, tout de suite, comme un film.

    Julia Leigh

    Comment avez-vous eu l'idée ? 

    J'ai lu la version Disney, ça, c'était quand j'étais plus jeune. Il y a aussi les versions originales qui sont beaucoup plus crûes. J'ai aussi lu deux romans: un de Gabriel Garcia Marquez et un de Yasunari Kawabata. Mais c'est aussi un thème que l'on peut retrouver dans la Bible avec le Roi David qui paye pour dormir à côté d'une vierge. C'est un thème dont je me suis emparé. J'avais envie d'explorer ça. Après mon roman "The Hunter", j'avais un cauchemar qui revenait sans cesse: quelqu'un qui me filme pendant que je dors.
    Dans tout cela, il y a le fait d'être endormie et de ne pas savoir ce qui se passe. Ce qui est intéressant, c'est de savoir quel serait l'impact dans la vraie vie. On est tellement vulnérable dans notre sommeil.


    Comment et pourquoi avez-vous choisi Emily Browning ?

    J'ai reçu un test et j'ai été très impressionnée par ce que j'ai vu. Emily Browning est très belle mais d'une manière un peu étrange. Surtout, elle a compris le personnage. Elle a intégré le fait que son personnage allait faire des choses interdites malgré les avertissements. Elle a fait cela de manière très calme et très volontaire. Emily Browning a aussi aimé e côté provocateur du personnage.

    Comment avez-vous convaincu les autres acteurs de jouer dans votre film ?

    Cela a été, à la fois, facile et difficile. Je trouve que les hommes font des performances assez incroyables. Peter Caroll, qui fait le monologue dans le film, est un acteur de théâtre connu en Australie. Il apporte une vraie dignité au rôle.

    Votre film a, notamment, été présenté à Cannes. Que pensez-vous des réactions du public ?

    Je me rends bien compte que le film divise. Cela ne me dérange absolument pas. Le cinéma n'est pas un concours de popularité. Je suis vraiment mpressionnée par le thème de ce Festival (NDLA: Ramdam Festival, le festival du film qui dérange), c'est osé. C'es important de ne pas être obsédé par le fait d'être populaire.

    Si vous deviez donner envie aux lecteurs d'aller voir le film, que diriez-vous ?

    J'espère que mon film permettra aux spectateurs d'utiliser leur propre imagination. Aussi qu'ils le trouveront beau et étrange. Peut-être qu'il y reconnaîtront des choses cachées dans leur propre vie.

    Remerciements à Barbara Van Lombeek pour la traduction

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