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Sorties #24
Au sommaire: « Lola vers la mer », « La Cordillère des songes », « Le Voyage du Prince », « Docteur ? », « I Must Be Heaven »
« Lola vers la mer » est un film de Laurent Micheli avec Mya Bollaers et Benoît Magimel. Tiens, un film belge parlant du rapport entre une jeune trans et son père, c’est donc un nouveau « Girl ». Quel que soit votre avis sur le film de Lukas Dhont, ne comparez pas ! Evidemment, « Lola vers la mer » a l’inconvénient d’arriver après, mais devrait éviter les polémiques stériles et procès d’intention dont « Girl » a été la cible. Ceci grâce au choix d’une actrice transgenre pour le rôle principal, en la personne de Mya Bollaers. Laurent Micheli aborde donc les thèmes de la transidentité et des relations père-enfant. Il choisit la forme du road movie, incongru dans un petit pays comme la Belgique, mais tellement pertinent. La voiture devient un lieu où le père et son enfant vont vivre des moments de tension, de tendresse, d’incompréhension, de disputes.
L’histoire est captivante par les choix de mise en scène ne cessant de surprendre, dans le bon sens du terme. La dramaturgie est forte, avec deux points de vue et de vie, a priori irréconciliables. Mais le film est réalisé de manière tellement lumineuse et avec une grande maîtrise qu’il n’est pas pesant. Il montre une tendresse particulière pour tous ses personnages y compris celui du père que l’on aurait tendance à rejeter pour son manque de compréhension. « Lola vers la mer » doit beaucoup à ses deux interprètes. En premier, Mya Bollaers, transgenre, c’est son premier rôle au cinéma et se révèle une formidable actrice. Elle est aussi nommée aux Révélations féminines des César 2020. Benoît Magimel apporte un côté abrupt, ne comprenant pas les désirs de son enfant. C’est un film sur l’acceptation, la tolérance, sans leçon de morale.Avec « La Cordillère des songes », le réalisateur chilien Patricio Guzmán termine sa trilogie commencée en 2010, avec « La nostalgie de la lumière », et continuée en 2015, avec « Le bouton de nacre ». Avec ce qui se passe aujourd’hui au Chili, « La cordillère des songes » est d’actualité. Le film insiste sur le fait que, si les enlèvements et les tortures ne sont plus d’actualité au Chili, le système économique néolibéral, en provenance directe de l’école de Chicago et institué du temps de la dictature de Pinochet, sévit toujours dans ce pays, creusant toujours plus les inégalités.
Le film doit aussi beaucoup à Pablo Salas, un documentariste resté au Chili malgré la dictature. Depuis plus de 40 ans, il filme inlassablement les manifestations que le pays a connues, passant du Betamax au VHS puis au numérique, accumulant des milliers d’heures de l’histoire de son pays, avec des hommes et des femmes résistant courageusement.
« La cordillère des songes » n’est pas que cela. C’est aussi un film poétique avec de magnifiques images de ce mur gigantesque qu’est cette chaîne de montagne culminant à plus de 6000 mètres : la cordillère des Andes.
Le résultat final est un film très personnel et en conclusion, le réalisateur espère que le Chili retrouve un jour sa gaieté, sa joie de vivre.« Le Voyage du Prince » de Jean-François Laguionie et Xavier Picard est un film d’animation ayant pour personnage principal un vieux singe raffiné, jouant les êtres primitifs, afin de mieux observer la société qui l’entoure. Cette dernière est une société refermée sur elle-même, dont la cité semble figée dans le temps, elle est envahie progressivement par la végétation. Le film est une fable sur le progrès, l’écologie, l’isolationnisme, et l’ignorance.
Le film est tourné dans une animation traditionnelle, il a un trait simple, des couleurs pastel et est en partie raconté en voix-off. Le vieux singe livre ainsi ses pensées sur un monde dont certaines caractéristiques ressemblent au nôtre, dans ses excès, par exemple l’urbanisation galopante ou l’obsolescence programmée.
L’atmosphère est douce et poétique mais manque singulièrement de rythme et d’action. Résultat, « Le Voyage du Prince » perd en saveur et se cantonne à être contemplatif.« Docteur ? » de Tristan Séguéla avec Michel Blanc et Hakim Jemili est franchement dispensable. Au début, c’est amusant, proposant des situations croquignolesques et savoureuses. Malheureusement, la suite devient de moins en moins efficace, les scènes ne sont plus du tout crédibles, et la vulgarité est de mise.
La bande-annonce de « I Must Be Heaven » nous présentait un film déjanté et drôle. Mais les seuls passages amusants sont… dans cette même bande annonce. Le reste est soporifique et sans intérêt. Je n’ai pas réussi à percevoir ce que Elia Suleiman cherchait à nous dire au travers de ces différents plans sans queue ni tête.
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