• Entretien: Pascal Bonitzer - Cherchez Hortense

    Pascal Bonitzer nous propose son sixième long métrage: "Cherchez Hortense" Cela faisait quatre ans que ce dernier n'était plus passé derrière la caméra, depuis "Le Grand Alibi". Entretemps, Pascal Bonitzer a co-écrit deux scénarios, l'un pour Jacques Rivette ("36 vues du pic Saint-Loup") et l'autre pour Emmanuel Salinger ("La Grande Vie"). Il a aussi été acteur dans un téléfilm: "L'Affaire Gordji, Histoire d'une cohabitation" où il jouait le rôle de Robert Pandraud, ancien ministre délégué à la Sécurité entre 1986 et 1988 dans le gouvernement de Jacques Chirac.
    C'est donc un homme multi-fonctions que j'ai rencontré, un matin du mois d'août, à Bruxelles.

    D'où vient l'idée du film ?

    Il y avait l'envie de parler des choses de la vie privée, de la crise de l'âge mûr, le couple qui déraille, la découverte d'un nouvel amour. Ce genre de choses dont on se dit que cela ne va intéresser personne. En même temps, j'avais quelques idées pour en faire une fiction qui fonctionne. Et puis, une question de société qui hante nos sociétés occidentales et en particulier, la société française depuis des décennies: les travailleurs sans-papiers. L'idée du film est venue au moment où j'ai réussi à articuler les deux choses. A travers l'idée d'une mission confiée par sa femme au personnage principal et du fait qu'il n'arrive pas à la remplir. Il se met à mentir à ce sujet.

    Pascal Bonitzer

    Le personnage principal semble bien dans sa vie et pourtant, tout se délite autour de lui ?

    Oui, c'est quelque chose de récurrent chez moi. C'est un motif, à la fois, de drame et de comédie. Plutôt de comédie. Quelqu'un qui voit sa vie s'effondrer alors qu'effectivement, il est censé maîtriser beaucoup de choses. C'est un thème utilisé par bien d'autres mais chez moi, c'est un ressort inépuisable.

    Dans le film, il y a une relation père-fils assez particulière, comment l'avez-vous imaginée ?

    C'est venu dans le cours du travail avec ma co-scénariste. En fait, le principe du film, c'est que tout le monde a quelque chose à cacher. Chacun des personnages a un secret qu'il tient à garder et qui se révèle au cours du film. A la limite, j'ai aussi voulu que le film ait un secret, il réside dans le titre.

    Votre casting est impressionnant, comment l'avez-vous composé ?

    J'ai toujours eu de la chance avec le casting de mes films. Les décideurs, ceux qui donnent de l'argent, ne se bousculent pas au portillon. Par contre, les acteurs dont j'ai envie, que je souhaite répondent toujours oui. Et plus particulièrement pour "Cherchez Hortense". Avoir Jean-Pierre Bacri, ce n'est pas simple. Il refuse énormément de rôles. Cela le rend d'autant plus précieux. D'habitude, il dit non tout de suite. Ici, ce ne fut pas le cas. C'est après avoir relu le scénario, après l'avoir fait lire à sa collaboratrice, amie et ex-compagne Agnès Jaoui, qu'il a dit oui. C'est une chance incroyable.
    Kristin Scott-Thomas, j'avais déjà tourné avec elle. On se connaît et je sais qu'elle apprécie ce que je fais. Quant à Isabelle Carré, cela faisait longtemps que j'avais envie de travailler avec elle. Elle a dit oui avec enthousiasme. Claude Rich a aimé le scénario et le personnage. Il faut dire qu'il a des scènes assez savoureuses notamment avec Jean-Pierre Bacri.

    Vous tournez peu de films, cela faisait quatre ans que vous n'en aviez plus fait, pourquoi ? 
    C'est malgré moi. Je ne demanderai qu'une chose, c'est d'enchaîner les films. Mais il se trouve que je les écris aussi et quel-quefois, je me trompe dans l'écriture. Je me plante, j'arrive dans des culs-de-sac et c'est ce qui est arrivé dans un projet 
    précédent. Je n'arrivais pas à ce que le scénario tienne suffisamment debout. J'ai perdu deux ans.


    Avant d'être scénariste et réalisateur, vous avez été critique cinéma, que pensez-vous des critiques cinéma actuels ?

    Du fait que j'ai été critique cinéma, je les lis peu. Il y en a des bons, des moins bons. Ce que je remarque, c'est qu'il n'y a
    plus de critiques qui fasse autorité, qui soit une référence. A mon époque, il y en avait qui avait un certain poids. Il y avaitdes signatures dont on attendait le jugement, par exemple Serge Daney. C'est sans doute dû à la dispersion des supports.
    Avec Internet, tout un chacun puisse donner son avis. Peut-être aussi que le cinéma a moins d'importance dans la société.

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