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Entretien: Nicolas Buysse - Jacques a vu
Nicolas Buysse a, derrière lui, une carrière longue d'une quinzaine d'années dans le théâtre et le cinéma. Dans le septième art, il est fidèle puisqu'il a joué dans les quatre courts métrages de Xavier Diskeuve, dans les deux films d'Eric-Emmanuel Schmitt. Il a aussi été, à trois reprises, une voix dans deux longs métrages et un court métrage d'animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier. Nicolas Buysse vient également de co-réaliser un court métrage: "Une brume un matin".
C'est au FIFF, à Namur, que j'ai pu converser avec lui. Entretien plus qu'intéressant avec un homme intéressant.Comment vous êtes-vous retrouvé dans "Jacques a vu" ?
C'est dans la logique des choses. En fait, Xavier Diskeuve est la première personne qui m'a appelé pour faire du cinéma. J'étais fraîchement sorti du Conservatoire de Liège. C'est avec lui que j'ai fait mes premières armes, mes premiers pas au cinéma. Et puis, j'ai adhéré tout de suite à son univers et à son humour particulier. On s'est très vite compris. J'ai adoré cette première rencontre. Dans le travail, ça s'est bien passé. Quand on a fini le premier court, on avait envie de retravailler ensemble. De continuer à apprendre et pour lui aussi puisqu'il venait d'un tout autre métier qui est le journalisme. Cela nous a permis de progresser ensemble. C'est devenu de plus en plus jubilatoire parce que sur le long, on avait presque plus besoin de se parler. C'est assez chouette parce qu'il écrit en me connaissant bien. C'est comme un bon vieux copain.Comment avez-vous travaillé votre personnage ?
Depuis que je suis sorti du Conservatoire, je fais souvent, je ne sais pas pourquoi, des personnages de loser. Des gens qui ratent un peu ce qu'ils entreprennent. Au théâtre aussi, je joue ce genre de personnages. Je me demande d'ailleurs si je ne suis pas en train de loser ma vie. (rires) Trêve de plaisanteries, si je les joue, c'est que j'adore les jouer. C'est plus amusant. Parfois, j'aimerais bien jouer un vrai grand romantique.
J'aime mon personnage parce qu'il me suit depuis le premier court métrage. C'est presque le même qui se transforme un tout petit peu. Mais qui reste fondamentalement le même. C'est un grand naïf dans la vie, quelqu'un d'assez sûr de lui qui doit compenser tout le temps parce qu'il sait qu'il n'est pas à sa place. Il n'est pas très bien dans sa vie. C'est ce que j'appelle un loser flamboyant.
Mais il a quand même une belle femme, une maison.
Ah mais, il n'est pas con ! Bon, il achète une maison, il se fait rouler. La maison ne vaut absolument pas ce prix-là. Sa femme, il n'est pas toujours très cool avec elle. Il est de temps en temps odieux. Si il s'arrêtait un petit peu pour penser à sa vie, il devrait comprendre que l'amour n'est pas gagné en tout cas dans son couple. Il est opportuniste, il veut toujours profiter des autres. C'est quelqu'un de très égoïste. Après, je trouve ça touchant parce qu'il se débat comme il peut pour essayer de sauver ce qu'il construit avec l'énergie du désespoir. Même sexuellement, cela ne se passe pas très bien. (rires)
Comment s'est passé le tournage ?
C'était hilarant. Ce qui est formidable dans le cinéma belge et quand il utilise des comédiens belges, c'est qu'on se connaît bien. On a tous joué sur une scène de théâtre l'un avec l'autre un moment donné. Alexandre von Sivers, un énorme comédien belge que l'on voit trop peu au cinéma, Olivier Massart, Nathalie Uffner, Renaud Rutten, ce sont toutes des personnes que je croise régulièrement. C'est un bonheur de se retrouver ensemble. J'ai l'impression d'aller jouer aux Playmobil pour les grands. Avec des décors, une équipe technique autour. C'est super chouette.
Je prends du plaisir à travailler avec une équipe technique parce qu'au cinéma, on repose sur des artisans qui vont créer le film avec nous. On n'est rien sans eux. Ils ne sont rien sans nous. C'est un vrai travail d'équipe.
Entre le théâtre et le cinéma, que choisiriez-vous ?
Ce serait horrible de devoir choisir. C'est fort différent en fait. Le théâtre est le métier qui me fait vraiment vivre, avec lequel je gagne régulièrement ma vie. Je ne pourrais pas me passer de ce rendez-vous quotidien avec les gens. Je me réjouis d'aller à cette réunion collective, d'aller raconter une histoire en direct. On ne sait pas ce qui va se passer. Chaque représentation est totalement différente. On sent vraiment la représentation, on sent les gens. On fait ce métier pour sentir les gens, pour leur donner quelque chose.
Au cinéma, on ressent moins cela. C'est différent parce qu'on est remis entre les mains de plusieurs personnes. C'est plus cool. On peut se laisser plus aller, se laisser porter. Je trouve qu'il y a un peu moins de pression. C'est comme s'aérer, prendre une grande bouffée d'air. J'aime bien quand, pendant un mois, il y a un tournage. Le cinéma, c'est apprendre à attendre, à se concentrer. Parce que sur une journée de huit heures, vous tournez peut-être une heure.
En fait, c'est un métier commun, que ce soit sur une scène de théâtre ou un plateau de cinéma, on joue. Quand tu joues, tu joues.Lire aussi la critique de Jacques a vu
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Tags : Nicolas Buysse, Jacques a vu, Xavier Diskeuve, FIFF, Namur, Conservatoire de Liège, Alexandre von Sivers, Eric-Emmanuel Schmitt