• Entretien: Nabil Ben Yadir - Angle mort

    Nabil Ben Yadir est un réalisateur et un acteur belge. Il débute comme acteur, en 2001, dans "Au-delà de Gibraltar", suivent trois autres films dont "Les Barons". En  2005, il réalise un court métrage: "Sortie de Clown". Quatre ans après, ce sera "Les Barons", en 2013, c'est "La Marche" pour aboutir cette année à "Angle mort" ("Dode Hoek").
    Je l'ai rencontré à Bruxelles pour une conversation très intéressante.

    Pourquoi ce film ?

    Parce que j’avais envie de faire un film de genre, qui est devenu un film qui touche un peu à l’actualité. C’est la réalité qui a dépassé la fiction. J’avais envie de faire un film de genre en Flandre, qui parle de la Flandre en tout cas, avec Jan Decleir. La base, c’était Jan Decleir, "Les Barons", c’est une vraie rencontre avec lui. J’avais très, très envie de tourner encore avec lui, entre-temps j’ai fait "La Marche".
    C’est bizarre, parce que quand vous voyez le film, vous oubliez que c’est un film Wallonie-Bruxelles, principalement pour les finances. Pas pour le casting.

    N’avez-vous pas eu des difficultés pour tourner en flamand ?

    Je parle le flamand, je ne suis pas parfait bilingue mais je me débrouille. Le scénario a été écrit en français, on l’a réadapté en flamand, on est repassé en français. Un moment donné, votre film, vous le connaissez. On le fait parce qu’on connaît la base de la langue. C’est ça qui prend le plus de temps, en fait.

    Nabil Ben Yadir

    Après Jan Decleir, vous avez choisi Peter van Den Begin.

    Oui, parce que je voulais des acteurs flamands, dans leur langue à eux et puis mon personnage principal est d’Anvers donc… Peter, je l’ai pris pour sa gueule, il a une vraie gueule et c’est un performer. Il est le commissaire Jan Verbeeck, on ne peut pas imaginer quelqu'un d'autre.

    Les coîncidences sont-elles fortuites, Anvers ou le VPV par exemple ?

    De toute façon, Anvers est une ville portuaire et déjà, c'est un atout. Non, ce n’est pas inspiré de personnages ayant existé ou qui existent. C’est très bien si les gens font le parallèle.
    Ce sont des personnages sortis de mon imagination. Les mecs de la Brigade des Stups, quant ils s’engagent en politique, ils vont rarement chez Groen (NDLA :Les Ecolos en Flandre). C’est ça qui est intéressant, on arrive avec des personnages durs, ancrés dans la réalité. Et on les sort de leur zone de confort.

    Avez-vous été voir la Brigade des Stups ?

    Non, j’ai imaginé un personnage qui devait être horrible, dans ces propos donc un commissaire. En fait, la police me fait peur alors qu’elle devrait me rassurer. Je ne suis pas le seul. C’est aussi les codes des films policiers que j’aime bien. Aussi c’est tellement rare de faire des films de genre en Wallonie-Bruxelles. C’était important de le faire. Et puis, je n’aime pas refaire le même film, je m'embêterais.

    Charleroi ?

    Charleroi, c’est une ville de polar. On se pose la question, comment se fait-il qu’il n’y ait pas encore eu de polar tourné dans cette ville. Maintenant, ça commence un peu à se décoincer avec les séries. Cela commence un peu à s’assumer parce qu’il y a également une nouvelle génération. En fait, ce sont les auteurs et les réalisateurs qui doivent se prendre en main et penser que c’est possible.

    Quelles sont les réactions du côté flamand ?

    Cela a été bien accueilli. Généralement, c’est le contraire qui se passe, les réalisateurs flamands vont des films en français genre Peter Brosens, Michael Roskam qui est dans le montage de son nouveau film.

    Soufiane Chillah est une vraie révélation, comment l’avez-vous trouvé ?

    C’est une super-histoire avec lui. Je l’avais vu à la sortie des Barons, on m’avait appelé pour voir une pièce de théâtre, un spectacle ado. Généralement, je refuse parce que je n’ai pas le temps. Je vois cette pièce de théâtre qui était un filage, et je vois Soufiane Chillah, je suis bluffé. Je me suis dit, c’est qui ce mec ? Je vais lui parler, je lui dis que j’écris un film, "Angle mort", qui devait être mon deuxième film. J'ajoute à Sofiane qu'il y a un personnage très important mais ce ne peut être toi, tu es trop jeune. C'était il y a sept ans. Puis les années passent, je le revois et là, il était forcément plus âgé, il avait pris du muscle. C’était mon personnage. Voilà l’histoire.

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