-
Entretien: Kadija Leclère - Le Sac de farine
Par Michel Decoux-Derycke - Kadija Leclère est une directrice de casting, elle a notamment travaillé sur "JCVD", "Les barons", "Illégal" ou encore "Les géants". Elle est aussi comédienne et a réalisé trois courts métrages. C'est pour son premier long métrage "Le Sac de farine" que je l'ai rencontrée à Liège.
Qu'est-ce qui fait qu'une comédienne, une directrice de casting ait envie de réaliser son premier film ?
En tant que comédienne, on a le besoin de s'exprimer. Cela vient de là, c'est juste une autre facette d'un même métier presque. Beaucoup de comédiens réalisent et inversement. Parce qu'on a envie de raconter des histoires, on aime servir les histoires. Un jour, on a envie de raconter nos histoires.
Le casting, c'est juste que j'aime la direction d'acteurs. C'est quelque chose que j'aime beaucoup. Un moment, j'ai commencé à travailler comme assistante casting et puis on m'a très vite demandé, ça ne s'est plus arrêté pendant dix ans. Comme cela permettait de payer mon loyer et me permettait de vivre, je n'ai pas arrêté. Mais j'ai arrêté d'être comédienne.
Comment l'idée de l'histoire est-elle venue ?
Cela m'habitait très fort. Moi, j'ai été enlevée et enfermée pendant deux ans, quatre mois, dix jours. Je voulais transférer cette histoire mais je ne voulais que ce soit misérabiliste. Cela reste du cinéma et j'aime les histoires qui font rêver, qui font en même temps réfléchir. Mais dont on ne sort pas déprimé. Parce que la conjoncture, avec la crise, c'est tellement difficile. J'avais envie de raconter cette histoire mais je voulais que les spectateurs oublient que c'est un enlèvement. J'aime les contes. C'est pour ça que j'ai voulu qu'il y ait de belles images.Comment avez-vous composé le casting ?
Smaïn, je l'ai contacté par Facebook, tout bêtement. Je lui ai envoyé mon court métrage, j'ai fait trois courts métrages dont "Sarah" qui a bien marché et que Smaïn a regardé. Il a adhéré. Hafsia Herzi, je l'ai rencontrée en 2007 parce que j'avais eu le Grand Prix à Dubaï. Hiam Abass, c'est une grande actrice que j'admire. Cela s'est fait naturellement. Rania Mellouli, c'est par casting que je l'ai trouvée. On a vu beaucoup de petites filles à Bruxelles. Rania, elle vient de Molenbeek, elle parle et écrit trois langues: arabe, néerlandais et français. Mehdi Debhi, c'est génial d'avoir un comédien comme lui dans le paysage des comédiens belgo-français.
Votre film a tourné dans plusieurs festivals, quel a été l'accueil ?
Très bon. Le film a eu plusieurs prix dont celui du Jury œcuménique à Mannheim. Il a été pris au Festival d'Irvine, à Göteborg, à Agadir. J'ai vraiment beaucoup de chance. Il sort en mars en France, il va sortir au Maroc. J'espère que le public sera au rendez-vous.
Lire aussi la critique du film Le Sac de farine