• Entretien: Jean-Paul Rouve - Les souvenirs

    Par Michel Decoux-Derycke - Connu d'abord comme membre et fondateur de la troupe des Robin des Bois, Jean-Paul Rouve bifurque vers la télévision avec le rôle du Brigadier Léveil dans la série "Julie Lescaut". Il passe ensuite au cinéma, il enchaîne les seconds rôles puis de plus importants au fur et à mesure des années. En 2008, il réalise son premier long métrage: "Sans arme, ni haine, ni violence". Quatre ans plus tard, c'est "Quand je serai petit" situé dans sa ville natale, Dunkerque. "Les souvenirs", adaptation du roman éponyme de David Foenkinos, est donc son troisième film. 
    J'ai rencontré Jean-Paul Rouve, au FIFF, à Namur. Entretien avec un homme timide et sensible.

    Pourquoi avoir adapté le roman de David Foenkinos ?

    Parce que ça me parlait. Les thèmes dont il parlait m'intéressaient. Parce nous nous sommes rencontrés. C'est aussi une rencontre avec un homme. Pas seulement une rencontre avec un livre. On s'est tellement bien entendus, on est tellement sensibles aux mêmes choses, on a le même humour. Cela s'est fait simplement. On s'est rencontrés par l'intermédiaire d'Emilie Simon qui avait fait la musique de "La Délicatesse" et celle de "Quand je serai petit". Tout ça était fait pour que nos chemins se croisent.

    Jean-Paul Rouve © David Ameye

    Quels sont les thèmes qui vous plaisaient le plus dans le livre ?

    Ce ne sont pas les maisons de retraite ou la mort. C'est en filigrane. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'être humain. C'est de parler des gens, de parler des gens qui ne sont pas à leur place. C'est de parler des gens qui font ce qui peuvent. Moi, j'aime cette idée-là que, dans la vie, on essaye de faire bien, mal quelquefois. Souvent, on fait ce qu'on peut. Cela me plaît beaucoup. Aussi le rapport à la filiation, à la paternité. Les générations qui se suivent. Egalement, la culpabilité que je trouve un sentiment intéressant. Le mensonge. Je peux vous en citer mille qui sont des choses de la vie comme dirait Sautet. 

    N'est-ce pas une difficulté d'être, à la fois, réalisateur et acteur ?

    Non. Je l'ai fait des années avec les Robin des Bois, je l'ai fait dans mes deux premiers films. J'ai un peu l'habitude, franchement, ça, ça va. Et puis là, je ne me suis donné qu'un petit rôle. Cela m'a permis d'être plus centré sur les autres comédiens. 
    Mon rôle de directeur d'hôtel, je le voulais un peu bizarre, qu'on ne sache pas. Le rapport que j'ai avec Romain, joué par Mathieu Spinosi, on dirait presque une scène de casting. C'est une mise en abyme du metteur en scène avec le comédien. 

    Votre casting ?

    Annie Cordy, j'y ai pensé tout de suite. Pour moi, c'était une évidence. Je savais que c'était une actrice extraordinaire. Ensuite, Michel Blanc, je lui ai envoyé le scénario, il a été d'accord assez vite. En fait, vous créez une famille, vous trouvez la grand-mère, vous trouvez le père et après, j'ai fait un casting pour trouver le petit fils. Chantal Lauby, tiens, ça peut marcher avec Michel Blanc. Vous construisez comme ça. 
    Moi, je suis acteur donc j'ai un autre rapport aux acteurs. Je regarde la télé dans une série ou un téléfilm, tac, je note son nom. Puis je dis à ma directrice de casting: "rencontre-le, il y a un truc". Je travaille comme ça.

    Comment s'est passé le tournage ?

    Il n'y a eu aucun problème. Déjà, je ne répète pas. Les comédiens arrivent, on tourne. Parce que j'essaye de leur voler des choses. J'aime bien ça, j'essaye de voler beaucoup. Après, je travaille avec des comédiens professionnels. Je ne suis pas comme Kechiche qui tourne avec des comédiens moins pro, il va leur voler vraiment des choses. Moi, je vole avec leurs consentements. Il faut que ce soit comme dans la vie, d'ailleurs, je le dis souvent et pour finir, mon équipe se moque gentiment. Je n'aime pas que les costumes se voient, que les décors se voient. J'aime que ce soit beau, je ne veux pas que ce soit esthétique. Je veux trouver la beauté dans le naturel. 

    Vous avez des projets ?

    Oui. Avec David Foenkinos, on va écrire un scénario original, pas tiré d'un de ses romans. J'ai d'autres idées, d'autres envies. Je ne sais pas encore vers où je vais aller. Vous savez, j'aime l'idée de parler des choses graves, importantes avec légèreté. Il y a de la pudeur en faisant ça, c'est un peu ma nature. On filme ce qu'on est. 

    Y aura-t-il un jour un film des Robin des Bois ?

    Le problème d'un film, c'est que c'est long à écrire. J'en ai envie, nous en avons envie. Mais il y a le problème du temps. Un film, c'est deux ans. On ne peut pas faire un film sur un claquement de doigts, cela n'existe pas. Et pour que les Robin des Bois se réunissent, il faut qu'on puisse coordonner nos agendas puisque nous tournons chacun de notre côté. 
    Peut-être pourrions-nous faire une émission de télé, il y a moins de préparation. 

    Lire aussi la critique du film Les souvenirs

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