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Entretien: Guérin Van de Vorst - La part sauvage
Par Michel Decoux-Derycke - Guérin Van de Vorst est réalisateur et scénariste, il a été diplômé de l'IAD (Institut des Arts de Diffusion) à Bruxelles en 2004. Trois ans plus tard, il débute dans la fiction avec le court métrage "Retour à la rue", par après, il réalise "Putain Lapin" et "Osez la Macédoine". Son premier long métrage, "La part sauvage" a été en compétition au FIFF à Namur et c'est là que j'ai rencontré Guérin Van de Vorst.
L'idée du film ?
Elle est venue d'un de mes amis, il m'a raconté une anecdote de son enfance. Il avait dix ans, il n'avait plus vu son père depuis des années et un beau jour, son père a débarqué à l'école, l'a embarqué, ont pris la route et lui a fait vivre, pendant ce périple, des expériences un peu transgressives. Mon ami était partagé entre la joie de revoir son père et le sentiment qu'il vivait des choses qui n'étaient pas tout à fait de son âge.
Cela a été l'anecdote de base qui m'a fait démarrer l'écriture. J'ai commencé à m'imaginer la vie de ce père absent, ce qu'il avait pu vivre pendant cette absence. Je me suis imaginé un personnage de délinquant, un peu marginal. Dans tous les courts métrages que j'ai fait, je parle de marginaux. Parce que les marginaux racontent quelque chose sur notre époque. C'est comme ça qu'est né le personnage de Ben.
Le temps d'écriture était le moment où les attentats se multipliaient en Europe, il m'a semblé que ce type de personnage-là pouvait tout à fait tomber dans les griffes d'un prédicateur islamiste.
Un des thèmes de votre film, c'est la famille.
Oui, la thématique père-fils, de la paternité est vraiment au centre du film. C'est ça qui m'a donné envie d'écrire. Si on n'est pas nécessairement père, on a tous eu un père.
Le choix de Vincent Rottiers ?
Il a quelque chose de rare. Même quand il ne fait rien, il y a quelque chose qui se passe en lui, quelque chose qui bout en lui. Quelque chose de très vif. C'est un acteur unique dans son genre. Il a une rugosité qui me permettait de faire que ce soit crédible. Parce qu'avec les jeunes premiers qui sont souvent un peu lisses, ça n'aurait pas fonctionné.
Comment s'est opéré le choix du gamin ?
C'est Michaël Bier, avec qui je faisais le casting, qui l'a trouvé. Le gamin s'est très vite imposé comme une évidence, Simon Coudry. Il avait un naturel, une spontanéité incroyables, il avait un vrai plaisir à jouer. Il avait aussi quelque chose de très physique qui allait bien avec Vincent.
Bruxelles est en arrière-plan.
On a tourné dans plein de communes à Bruxelles. Il y a notamment Molenbeek et là, c'était le canal qui m'intéressait parce qu'il est assez cinématographique et il fait vraiment la frontière entre le centre-ville et Molenbeek. Cela marquait bien la limite du quartier où Ben est engagé dans un garage et à partir de là, on a pu contraster avec le quartier de la mère qui est un quartier plutôt bourgeois du genre Woluwé. Cela racontait que la mère était remariée ou remise en couple, avec quelqu'un étant beaucoup à l'aise financièrement que Ben.
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