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Entretien: Ernst Umhauer - Dans la maison
Par Michel Decoux-Derycke - Le dernier film de François Ozon, "Dans la maison", est sorti en France et en Belgique, le même jour. Dans les deux pays, il attire les spectateurs puisqu'il se classe dans le Top 5 au box-office.
Ce film permet de découvrir un jeune acteur au talent certain: Ernst Umhauer. Sa prestation d'élève brillant et manipulateur est bluffante. Auparavant, il avait fait une apparition dans "Le Moine" au cinéma et aussi dans un téléfilm.
Je l'ai rencontré, dans le cadre du FIFF, pour lui poser quelques questions.Comment vous êtes-vous retrouvé le film ?
En passant un casting, tout bêtement. Mon agent a été contacté, j'ai fait le casting puis des essais. Après, j'ai eu un coup de fil m'annonçant que j'étais pris.
Evidemment, je me suis inquiété. Il y a beaucoup de texte, de scènes et de choses différentes à jouer. De grands comédiens et comédiennes. De belles actrices. Notamment Emmanuelle Seigner.Comment avez-vous travaillé le rôle ?
Nous avons fait pas mal de lectures. Ensuite nous avons beaucoup travaillé les déplacements. Comment dire ? Je me suis senti assez libre, assez créatif sur ce tournage. François était toujours là, il voyait tout de suite ce qui allait ou ce qui n'allait pas. C'était donc rapide pour modifier des petites choses.
Et puis, il y avait Fabrice Luchini qui est notre maître à tous. Il a un phrasé très précis. Moi, je l'avais vu faire une lecture de Céline quand j'avais l'âge du personnage, seize ans. Cela avait confirmé mon envie de faire le métier d'acteur. Il habite la scène à lui tout seul. Quand on dit lecture, ce n'est pas une lecture. Il connaît le livre par coeur. Justement, ce qui était super sur le tournage, les bouquins qu'il me prête que ce soit "Un coeur simple" de Flaubert ou d'autres. Je n'avais pas besoin de les ouvrir, j'avais des pages entières récitées entre les prises par Fabrice. Donc on était vraiment dans le vif du sujet.Faire du cinéma, est-ce une vocation ?
Oui, oui. Le premier souvenir que j'ai, c'est quand j'avais six ans et que j'avais fait du théâtre en classe, cela a été une révélation. Depuis ce jour-là, je regardais les films en examinant le jeu des acteurs. J'ai attendu d'avoir quatorze, quinze ans avant de faire du théâtre dans une MJC de quartier. Après, je me suis retrouvé à passer des castings. Ce que je n'aime pas trop. Parce que c'est difficile de devoir improviser, parce qu'il faut faire vite. C'est assez stressant.
Aviez-vous des films de François Ozon avant ?
J'en avais vu trois: "Swimming Pool", "5X2" et "Huit Femmes". Maintenant, je les ai pratiquement tous vu. Tous les films de François sont différents les uns des autres. Mais il y a un truc spécifique, en tant que spectateur, on ne sait jamais où bien se placer, on est pris par plein d'émotions. On passe par mille ressentis.
Que diriez-vous pour donner envie aux spectateurs d'aller voir le film ?
Cela nous parle tous, il y a un rapport prof-élève. On a tous eu ce rapport-là. On ne s'ennuie pas, il y a des pointes d'humour. C'est, à la fois, léger et lourd. Il y a beaucoup de températures différentes.
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