• Entretien: Céline Sallette - Geronimo

    Par Michel Decoux-Derycke - Céline Sallette vit une belle fin d'année 2014. Elle est à l'affiche de trois films: "Vie Sauvage" de Cédric Kahn, "La French" de Cédric Jimenez et "Geronimo" de Tony Gatlif. Cerise sur le gâteau, dans le dernier long métrage cité, elle tient le rôle principal, celui de Geronimo, une éducatrice intègre dans un quartier difficile.
    C'est à Bruxelles que je l'ai rencontrée. Entretien avec l'actrice française montante qui garde la tête bien sur ses épaules.

    Vous êtes à l'affiche de trois films, hasard ?

    Effectivement, c'est un hasard, un hasard de calendrier. J'ai tourné trois films l'année dernière et ils sortent les uns à la suite des autres. Donc cela apparaît comme un calcul mais ce n'est pas le cas.

    Dans "Geronimo", vous tenez le rôle principal, comment vous êtes-vous retrouvé dans le film de Tony Gatlif ?

    J'ai rencontré Tony, il y a deux ans, pour un projet qui ne s'est pas concrétisé. En fait, qu'il n'a pas voulu faire, il a changé de sujet. Il est parti sur Geronimo. Au départ, le rôle était écrit pour un homme. Geronimo est un personnage d'éducateur, c'est un peu l'alter ego de Tony. Dans son trajet de vie, Tony a rencontré beaucoup d'éducateurs qui l'ont fait grandir. Je pense qu'il voulait rendre hommage à ces gens travaillant pour une pacification de la société. Pour plus de liens, pour plus d'humanité. Auprès de jeunes abandonnés par le système scolaire.
    Il m'a d'abord vu pour jouer un rôle féminin à côté de Geronimo. Ensuite il a décidé de transformer le rôle en femme et de me le confier. C'était un énorme cadeau. D'habitude, c'est un homme qui vient sauver une femme, là, c'est l'inverse.
    Ce qui m'a plu d'abord dans le rôle, c'est de travailler avec Tony. Parce que j'adore ses films, parce que j'adore la musique de ses films. Il fait partie de mon monde depuis un bout de temps. Jamais je n'aurais osé travailler avec lui.

    Céline Sallette - Geronimo

    Comment avez-vous composé le personnage ?

    Je ne suis pas allé voir des éducateurs. En fait, j'ai beaucoup regardé et écouté Tony. Il m'a raconté tous ces éducateurs à lui. Ce sont les vraies sources d'inspiration du film.
    Quand on travaille avec un metteur en scène, c'est d'être comme son double. L'acteur doit être au service du film. Comme un véhicule. Tony est quelqu'un qui véhicule beaucoup d'énergie, qui a une grande vitalité et une grande humanité. J'ai pris toute son énergie et je l'ai renvoyée dans le film.

    Donc le tournage s'est bien passé ?

    C'était génial. Il y avait un état de grâce et je pense que ça se voit en regardant le film. Il y avait une vraie communion entre tous les jeunes qui étaient là, qui tenaient des rôles importants pour la première fois. Il régnait une espèce d'osmose, d'alchimie entre nous et Tony. Nous étions tous là pour chercher le film et cela s'est fait dans une grande joie et une grande confiance.

    Vous êtes aussi dans "La French" où vous jouez la femme du juge Michel, comment cela s'est-il fait ?

    J'avais croisé Cédric Jimenez avant l'écriture du film. Il voulait déjà que je joue la femme du juge. Ce qui m'a frappé, c'est que Cédric ne pouvait pas faire un autre film que celui-là. C'est un Marseillais pure souche, cette histoire le hante depuis qu'il est tout petit, c'est comme son prolongement. Ce qui est passionnant dans "La French", c'est la peinture de la ville, des Marseillais. Le bagout, la faconde, la drôlerie. Toute l'humanité qui se dégage des personnages qu'il a dessinés dans le film. C'est ça qui en fait la force.

    On vous retrouve également dans "Vie sauvage", un rôle de femme différent et intéressant.

    Effectivement. C'est l'histoire d'une femme qui essaye de sortir d'une emprise ou, en tout cas, d'une sensation d'emprise. Elle est dans une histoire avec un homme qui l'étouffe. Elle veut partir mais elle ne sait pas comment faire. C'est un film qui parle du manque de communication. Aussi d'une fin d'histoire d'amour avec les enfants au centre.

    Céline Sallette - Vie sauvage

    Comment voyez-vous vos prochaines années ?

    Je pense qu'elles seront positives. Mon chemin a été long mais c'est un bon chemin. Aujourd'hui, je ne reçois que des propositions qui me correspondent. Cela s'est fait lentement, ça s'est fait hyper-bien, je trouve que c'est mieux. Du coup, j'ai un rapport à ce métier qui est un vrai rapport d'amour profond. Je m'en fous d'être célèbre. J'espère juste, qu'à soixante-dix ans, que je serai en assez bonne santé pour jouer. Au fond, c'est que j'aime le plus au monde: jouer.

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