• Entretien: Alain Gagnol et Jean-Loup Fellicioli - Phantom Boy

    Par Michel Decoux-Derycke - Alain Gagnol est un scénariste et réalisateur de cinéma d'animation français. Jean-Loup Fellicioli est un animateur de cinéma d'animation français. A eux deux, ils ont réalisé plus d'une dizaine de courts métrages et, en 2010, le long métrage "Une vie de chat". Ce dernier a été nommé dans la catégorie Meilleur film d'animation aux César en 2011 ainsi qu'aux Oscars l'année suivante.
    C'est au FIFF, à Namur, que je les ai rencontré. Entretien réalisé dans une belle ambiance.

    D'où vient l'idée du film ?

    Alain Gagnol: l'idée était de faire un polar fantastique. De mélanger les deux genres. Assez vite, j'ai eu la vision de ce gamin avec son crâne rasé et sa casquette. Cet enfant malade qui a une forte identité graphique, ça crée un personnage ayant beaucoup de poids. Comme je suis un grand fan de comics, de super-héros, du coup, c'est une histoire de super-héros. Mais en même temps, ce n'est pas du tout une copie de ce que font les Américains. C'est vraiment à la française.

    Cela fait pas mal d'années que vous travaillez ensemble, comment ça passe entre vous ?

    Alain Gagnol: ça fait vingt ans que nous nous pratiquons. Nous avons fait une quinzaine de courts métrages ensemble et maintenant, deux longs métrages. Si ça fait aussi longtemps que l'on travaille ensemble, c'est que nous avons la même vision. Quelquefois, on peut avoir des divergences sur certains points. Mais ce sont des détails.

    Jean-Loup Fellicioli: les histoires d'Alain sont très imagées. On voit tout de suite un film quand on lit son texte. Je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire. C'est simple entre nous.

    Jean-Loup Fellicioli, à gauche et Alain Gagnol, à droite

     Le fait d'avoir déjà fait un long métrage vous a-t-il aidé pour celui-ci ?

    Jean-Loup Fellicioli: oui. Puisque nous savions que nous en étions capables. Avant, nous n'avions fait que des courts métrages dont la durée la plus longue était de dix-sept minutes. En fait, c'était la longueur qui faisait un peu peur et puis avoir une vision d'ensemble sur un long, c'est compliqué.

    Alain Gagnol: après, la partie réalisation, c'est plus au niveau du rythme. Il y a des moments où il y a des scènes d'action, il faut accélérer, il faut ralentir. Il ne faut pas qu'on lâche le spectateur. En même temps, il ne faut pas aller trop vite. Bien exploiter les séquences, bien exploiter les décors. Etre bien compréhensible dans ce qu'on veut dire. Essayer de faire passer l'émotion, dans l'idéal. C'est vraiment le travail de la réalisation. Comment transformer le scénario en film ?

    Comment avez-vous choisi les voix ?

    Jean-Loup Fellicioli: on les a choisies à quatre puisqu'il y a le producteur plus la directrice de production et nous, évidemment. On jette des noms comme ça sur la table puis on s'essaye d'imaginer ce que ça peut donner avec les personnages. Par rapport à leurs caractères, par exemple. Puis on essaie de les contacter, c'est un peu compliqué parce qu'il faut passer par des agents. C'est assez long. On n'arrive pas toujours à avoir ce qu'on veut.

    Alain Gagnol: ce sont plus des difficultés de planning. Les comédiens, ils font tellement de choses que c'est difficile de tomber au bon moment. Il n'y a pas de blocage. C'est fini maintenant, les acteurs qui avaient des réticences pour faire de l'animation. C'est passé dans les moeurs.

    C'est une production franco-belge, pourquoi ?

    Alain Gagnol: c'est difficile de faire un film uniquement en France. Il faut obligatoirement une co-production. Une partie de l'animation a été faite en Belgique, du son, des bruitages.

    Jean-Loup Fellicioli: "Une vie de chat", c'était déjà une co-production, avec Lumière d'ailleurs. Ce qui est bien, c'est qu'on a réussi à trouver des gens avec qui on est sur la même longueur d'ondes. C'est vachement bien. Nous, on joue beaucoup avec la fidélité. Que ce soit au niveau production jusqu'aux animateurs. On aime bien la notion d'équipe.

    Avez-vous d'autres projets ?

    Alain Gagnol: ce sera un film complètement fantastique. Une petite fille qui voit des monstres. Le scénario est déjà écrit. On est en train de monter le dossier et on va faire un teaser.

    Que diriez-vous aux lecteurs pour qu'ils aillent voir le film ?

    Jean-Loup Fellicioli : c'est un film où on ne s'ennuie pas. On est happé et que, malgré toute la gravité, il y a énormément d'humour. Il y a beaucoup de gags notamment le petit chien, qui était dans "Une vie de chat", qui revient.

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