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Critique: The Post
The Post (titre original: Pentagon Papers), long métrage, réalisation: Steven Spielberg, scénario: Liz Hannah et Josh Singer, distribution: Tom Hanks, Meryl Streep, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Matthew Rhys, Bruce Greenwood
Drame - Thriller, USA, 116', sortie le 24/01/2018, distribué par eOneL'histoire: En 1971 éclate aux Etats-Unis l'affaire des "Pentangon Papers", vaste fuite de renseignements liés à la Guerre du Vietnam. Les documents rendus publics par le Washington Post éclaboussent alors la classe politique US de l'époque.
La critique de Michel Decoux-Derycke: Je l'avoue, je ne suis pas un grand fan de Steven Spielberg mais je reconnais en lui un grand réalisateur, celui qui a fait des films qui resteront dans l'histoire du cinéma. Ici, avec "The Post", il met en scène une histoire vraie, une histoire située en 1971 où un journal, le Washington Post, a failli être interdit par un Président, Richard Nixon en l'occurrence. Si ce dernier avait réussi son coup, la liberté de la presse, la liberté tout court en aurait pris un grand coup. Heureusement, ce n'est pas arrivé et cela a influencé le cours de l'histoire. Deux ans plus tard, le même Washington Post, grâce à Bob Woodward et Carl Bernstein, va enquêter sur le scandale du Watergate et cela va déboucher sur la démission de Richard Nixon.
Le film croise deux trajectoires. Celle du rédacteur en chef du Washington Post, Ben Bradlee (Tom Hanks, oublié aux Oscars), lassé de voir le New York Times le devancer sur les scoops. Les journalistes sous ses ordres enragent et sont d'autant plus déterminés à sortir une grosse affaire, fort du soutien de leur rédac'chef. Celle de Katharine Graham (Meryl Streep, nommée aux Oscars pour la 21ème fois), devenue par la force des choses, suite au suicide de son mari, la patronne du Washington Post. Evoluant dans un milieu masculin, celui des banquiers et juristes, elle va imposer sa volonté contre vents et marées et par la même, enclencher une révolution des moeurs: une femme peut diriger une grande entreprise.
C'est aussi un film qui nous ramène quarante ans en arrière, temps où les journalistes tapaient leurs textes sur une machine à écrire (j'ai connu cette époque même si je n'ai que 55 ans et j'ai toujours ma machine à écrire!). Temps où le téléphone portable n'existait pas et les journalistes de devoir téléphoner d'une cabine à pièces pour préserver leurs sources. Temps où les journalistes se donnaient un coup de fouet en buvant un petit verre et en fumant une cigarette au bureau. Temps où le journal était composé avec des caractères de plomb et imprimé par de grosses rotatives. Temps où ce sont des camions ou des camionnettes qui venaient chercher leurs paquets de journaux à la sortie de l'imprimerie pour les distribuer chez les librairies.
Ce n'est évidemment pas innocent que Steven Spielberg se soit attaqué à cette histoire. L'élection de Donald Trump est évidemment passée par là, la défiance et les insultes du Président américain vis-à-vis des médias sont constantes depuis un an. Le réalisateur le dit lui-même: "la presse n’a jamais subi d’attaques aussi fortes. Cela m’a paru pertinent de le faire à ce moment-là." Je sais gré à Steven Spielberg de s'impliquer dans le combat pour la liberté de la presse. Je rappelle aux pisse-fois que sans les journalistes et sans leur opiniâtreté, il n'y aurait pas de révélations de scandales tels que l'affaire Publifin en Belgique ou l'affaire Fillon en France.
Assurément, un grand film qui doit être vu par le plus de monde possible et les journalistes en herbe feraient bien de faire un petit tour dans une salle obscure pour voir comment un journaliste armé de son intelligence, de son intuition et de son courage peut changer le cours des choses.
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