Critique: Patience, patience... T'iras au paradis

Patience, patience... T'iras au paradis d'Hadja Lahbib, documentaire

L'histoire: Dans les années 60, des milliers de Maghrébins sont venus en Belgique pour travailler. Parmi eux, des femmes qui ont un jour tout quitté pour suivre un homme sur une terre inconnue. "Patience, patience T’iras au paradis !", c’est le refrain mille fois répété pour aider ces femmes à subir leur vie sans jamais se plaindre. 50 ans plus tard, c'est le goût de l'émancipation qui les gagne. Elles se révèlent incroyablement joyeuses, capables d'une autodérision profondément décomplexée. Le film les accompagne dans leurs multiples découvertes, par la simplicité de leurs ballades, la chaleur de leur féminité et de leur humour…

La critique de Michel Decoux-Derycke: Le documentaire d’Hadja Lahbib filme l’émancipation de ces immigrées marocaines restées étrangères à Bruxelles. Elles ont la soixantaine. Elles habitent la Belgique depuis plus de quarante ans. Mais Mina, Warda, Hamida, Naziha, Tleitmes et Rahma n’en connaissent que Molenbeek. Et encore, c’est dans leur intérieur, à faire à manger ou à nettoyer, qu’elles vivent la plupart du temps. Ou survivent. Sans rêves. Ni amies. Elles n'ont jamais pris le métro. L’avion, n'y pensez pas. Elles vont faire leurs courses au marché du Midi une fois par semaine. L'une d'elle dit: "L’homme, y change les chaînes de la télé. Et la femme, elle fait tout. Elle crève".
Plusieurs d'entre elles vont former un groupe et suivre des cours de natation, d’informatique, de français. Elles vont partir en excursion dans les Ardennes, à la Mer du Nord où elles vont rencontrer Arno, un des grands moments du film. Elles vont aussi découvrir New-York.
C'est émouvant, drôle et sensible. Hadja Lahbib nous emmène dans un monde que nous ne connaissons pas. Ces femmes, on les croise en rue et jamais on ne s'intéresse à elles. Pourtant, en voyant ce documentaire, vous aurez envie de les rencontrer. Parce qu'elles sont joyeuses, curieuses, énergiques et remplies d'humour.

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