• Critique: Jusqu'à la garde

    Jusqu'à la garde, long métrage, réalisation: Xavier Legrand, scénario: Xavier Legrand, distribution: Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux, Mathieu Saikaly, Florence Janas, Martine Vandeville, Jean-Marie Winling
    Drame, France, 93', sortie le 21/02/2018, distribué par September, Lion d'argent de la meilleure mise en scène Venise 2017 - Lion du futur du meilleur premier film Venise 2017

    Affiche Jusqu'à la garde

    L'histoire: Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive. 

    La critique de Michel Decoux-Derycke: Une femme meurt tous les trois jours en France, sous les coups de son conjoint, dans l'indifférence générale. Partant de ce constat, Xavier Legrand avait réalisé, en 2012, "Avant que de tout perdre", un court métrage sur les violences conjugales ayant remporté le Grand prix du Festival de Clermont-Ferrand 2013 et obtenu le César du meilleur court-métrage en 2014. Dans la distribution, on y trouvait Léa Drucker, Denis Ménochet et Mathilde Auneveux. Tous les trois sont dans "Jusqu'à la garde".
    Au départ, Xavier Legrand voulait réaliser deux autres courts métrages,  formant ainsi une trilogie. Chemin faisant, c'est un long métrage qui s'est imposé à lui.
    S'ouvrant sur une longue scène présentant le dilemme de départ de son film: que pouvons-nous penser, comme le juge aux affaires familiales, de ce couple se déchirant et livrant deux versions antagonistes d'une vérité que nous n'avons aucun moyen de connaître ? Dès lors, Legrand applique les recettes du thriller et nous emmène dans un crescendo de tension à la recherche de cette vérité et des conséquences de cette première scène. Jusqu'à une conclusion, faisant vivre avec intensité la terreur abjecte de ce que l'on classe, avec légèreté, dans la rubrique "violences familiales".
    Le choix des interprètes est judicieux. Pour une fois, j'ai trouvé Léa Drucker bien, elle a trouvé là un rôle lui permettant de sortir d'elle-même. Denis Ménochet, vous l'avez vu dans d'autres films mais dans des rôles secondaires, ici, il a l'occasion de prouver tout son talent. Thomas Gioria, le gamin, est excellent dans un premier rôle. A travers lui, on ressent tout l'enjeu du conflit familial.
    Glacial, tendu, tranchant, dérangeant, on est en osmose avec les personnages, on est dans un trip intime total. Puisse ce film faire comprendre aux autorités qu'il ne faut pas prendre avec légèreté les appels au secours des femmes battues (et aussi des hommes!).


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