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Critique: Detroit
Detroit de Kathryn Bigelow avec John Boyega, Anthony Mackie, Will Poulter, Algee Smith, Jack Reynor, John Krasinski, Kaitlyn Dever
L'histoire: Pendant cinq jours, à partir du 23 juillet 1967, la ville de Detroit dans le Michigan vit l'une des plus grandes et meurtrières émeutes de l'histoire des Etats-Unis: 43 morts, 467 blessés, environ 7200 arrestations et la destruction d'environ 2000 édifices.
La critique de Michel Decoux-Derycke: Kathryn Bigelow, seule réalisatrice oscarisée, revient, cinq ans après "Zero Dark Thirty consacré à la traque d'Oussama Ben Laden, avec un film sur les émeutes de Detroit déclenchées il y a cinquante ans. Un long métrage de 2h23 terriblement d'actualité quelque temps après les violences de Charlottesville où une manifestante antiraciste a été tuée par un conducteuteur fonçant dans la foule. Preuve que les Etats-Unis n'ont toujours exorcisés leurs démons racistes.
La réalisatrice nous emmène à Détroit, dans le Michigan, pour découvrir ce qu'il s'est passé pendant les émeutes de 1967. Elle le fait avec une force indiscutable, avec un rythme un peu saccadé, comme un reportage d'actualités, comme pour nous mettre au coeur de l'action. En plus de la fiction, elle ajoute des images d'archives ajoutant au réalisme du film. Jamais, elle ne dérive de son récit et reste attachée au scénario de Mark Boal (déjà à la base de "Démineurs" et de "Zero Dark Thirty"). Un scénario sans aucun temps mort où chaque moment est essentiel à la compréhension, avec une gradation dramatique faisant qu'on est littéralement pris à la gorge, qu'on est à la limite de la suffocation. Et quand arrive la fin du film, on est bien entendu révolté par ce qu'on a vu mais on est content de pouvoir prendre une bouffée d'oxygène.
Au casting, on retrouve quelques têtes connues comme John Boyega, Anthony Mackie, Hannah Murray ou Jack Reynor livrant d'excellentes prestations. Toutefois, Will Poulter tient le haut du pavé avec un rôle glaçant (celui du policier meneur) qu'il s'approprie avec une dextérité telle qu'on a envie de le détester, voire même de le haïr.
La bande originale est d'une grande richesse (Martha and the Vandellas, Marvin Gaye, The Dramatics, John Coltrane, ...) et joue un rôle important dans le film. N'oublions pas que nous sommes fin des années 60, temps pendant lesquels la musique noire fait danser l'Amérique.
Kathryn Bigelow s'est une nouvelle fois attaquée à une histoire vraie, comme à son habitude, elle le fait avec talent et sans langue de bois. Nul doute que "Detroit" est à voir toutes affaires cessantes et prend place dans les meilleurs films de l'année 2017, décidément peu avare en tous bons films.
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